Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a exprimé le 12 février 2025 son souhait d’ouvrir un débat sur la question de l’exploitation des hydrocarbures en France, notamment en Guyane. Cette déclaration a suscité des réactions divisées au sein du gouvernement, avec notamment l’opposition de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. Selon Valls, cette initiative vise à réexaminer la loi Hulot de 2017, qui a mis fin à la recherche et à l’exploitation des hydrocarbures en France, à l’exception des concessions déjà accordées.
Les enjeux géopolitiques et économiques de l’exploitation des hydrocarbures
L’argument principal de Valls repose sur l’exploitation croissante des ressources pétrolières et gazières par les pays voisins de la Guyane, tels que le Guyana, le Suriname et le Brésil. Il a souligné que la France devait envisager de réévaluer sa politique énergétique vis-à-vis de ces développements à proximité de son territoire d’outre-mer. Le ministre a également précisé qu’il avait demandé à ses services d’examiner la compatibilité de ces initiatives législatives potentielles avec les traités internationaux et le droit communautaire.
L’opposition d’Agnès Pannier-Runacher et les engagements climatiques de la France
En réponse à ces propos, Agnès Pannier-Runacher a fermement opposé l’idée d’une révision de la loi Hulot. Selon elle, cette proposition est incompatible avec les engagements climatiques de la France, notamment en matière de réduction des énergies fossiles. La ministre a rappelé que la France, par sa position sur la scène internationale et son rôle dans la COP28, avait pris des engagements forts en matière de décarbonation. Elle a ajouté que le retour à l’exploitation des hydrocarbures ne serait pas seulement incohérent avec la politique énergétique du pays, mais également contre-productif pour les territoires ultramarins, les plus touchés par le dérèglement climatique.
Les réactions des ONG et des élus locaux
Dans cette confrontation entre les ministres, le Réseau Action Climat et le WWF ont également exprimé leurs préoccupations. Le Réseau Action Climat a critiqué ce qu’il considère comme une incohérence entre les déclarations de Valls et les positions diplomatiques de la France, soulignant que de telles initiatives pourraient nuire aux écosystèmes sensibles de la Guyane. Le WWF a, de son côté, exprimé des inquiétudes sur les impacts environnementaux et économiques d’une relance de l’exploitation pétrolière, tout en appelant à un développement durable pour la Guyane.
Les arguments de Manuel Valls pour un débat local
Le cabinet de Manuel Valls, cependant, a justifié cette proposition en insistant sur la nécessité de répondre aux demandes des élus locaux, qui voient dans l’exploitation des hydrocarbures une possibilité de développement économique pour le territoire. Il a également souligné que refuser cette discussion pourrait être perçu comme une manière de tourner le dos aux attentes des habitants de la Guyane.