Les gouvernements espagnol et portugais intensifient actuellement leurs démarches auprès de la Commission européenne afin d’accélérer la mise en œuvre de nouvelles infrastructures électriques reliant la péninsule ibérique au réseau européen continental. Cette mobilisation intervient suite à la panne électrique majeure qui a affecté simultanément l’Espagne et le Portugal à la fin du mois d’avril dernier. Cet incident a mis en lumière les insuffisances structurelles des capacités d’interconnexion existantes, aujourd’hui limitées à 2,8 gigawatts (GW), selon les gestionnaires de réseaux espagnols et portugais. Bien qu’un objectif européen officiel fixe cette capacité à 5 GW d’ici 2028 dans le cadre des Projets d’Intérêt Commun (PIC) européens, les travaux d’extension peinent toujours à progresser.
Capacités techniques limitées face aux enjeux énergétiques
D’après les informations publiées par Red Eléctrica (Espagne) et Redes Energéticas Nacionais (REN, Portugal), la péninsule ibérique présente l’un des taux d’interconnexion électrique les plus faibles d’Europe. Cette situation limite la participation efficace des deux pays au marché unique européen de l’électricité, notamment en période de crise ou de pics importants de demande énergétique. La panne survenue fin avril a généré des conséquences économiques significatives, touchant particulièrement l’industrie et le transport ferroviaire. Ces perturbations ont renforcé l’urgence exprimée par les gouvernements espagnol et portugais pour obtenir de Bruxelles un soutien accru et rapide permettant d’accélérer les projets existants et de sécuriser durablement leur approvisionnement électrique.
Blocage persistant des projets d’interconnexion avec la France
Les discussions techniques sur les interconnexions entre la péninsule ibérique et la France se doublent depuis plusieurs années de tensions politiques. Les gouvernements espagnol et portugais ont régulièrement exprimé leurs inquiétudes quant à la lenteur d’avancement de ces projets, souvent attribuée à des contraintes techniques ou environnementales évoquées par la France. Face à ce constat, les autorités ibériques réclament désormais un engagement politique plus clair de la part de Bruxelles pour faciliter l’accélération de ces travaux, jugés essentiels pour l’intégration complète des marchés électriques européens. Un financement renforcé de l’Union européenne pourrait également permettre de lever les obstacles actuels, selon les déclarations récentes des ministères concernés.
Enquête approfondie sur les perturbations techniques du réseau
Par ailleurs, plusieurs organismes techniques poursuivent actuellement leurs investigations pour déterminer les causes précises de la panne du 28 avril. L’Association espagnole des entreprises d’électricité (Asociación de Empresas de Energía Eléctrica, Aelec) a signalé récemment plusieurs fluctuations importantes de tension sur le réseau électrique ibérique dans les jours précédant l’incident majeur. Ces variations auraient provoqué la déconnexion automatique de plusieurs centrales de production, compromettant fortement la stabilité globale du réseau. Le Réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport d’électricité (European Network of Transmission System Operators for Electricity, Entso-E), chargé d’une enquête officielle, n’a pas encore communiqué de conclusions définitives sur ces perturbations techniques, laissant en suspens plusieurs interrogations essentielles pour les acteurs industriels concernés.