Emmanuel Macron, président de la République française, visitera Nuuk le 15 juin, devenant le premier chef d’État étranger à se rendre au Groenland depuis que Donald Trump a évoqué en 2019 un possible rachat de l’île. Selon Connaissance des Énergies et l’Agence France-Presse, l’Élysée présente le déplacement comme un signal clair de solidarité européenne envers ce territoire autonome du royaume du Danemark. L’île, grande comme quatre fois la France et recouverte de glace à 80 %, concentre d’importantes réserves de métaux rares et occupe une position stratégique sur la route la plus courte entre la Russie et les États-Unis. Macron a déclaré avant son départ : « Le Groenland n’est pas à prendre », rejetant toute forme de prédation.
Séquence diplomatique, énergie hydraulique et présence navale
Le programme officiel commencera à 11 h 30 locales lorsqu’un hélicoptère déposera la délégation présidentielle sur le glacier Nunatarsuaq, à trente kilomètres de la capitale, pour un briefing scientifique sur la fonte accélérée. Le chef de l’État rejoindra ensuite la centrale hydroélectrique de Buksefjorden, creusée six cents mètres sous la montagne et financée en partie par l’Union européenne, afin de discuter de futures capacités électriques bas carbone. La journée s’achèvera à bord d’une frégate de la Marine royale danoise avec la première ministre du Danemark, Mette Frederiksen, et le chef du gouvernement groenlandais, Jens-Frederik Nielsen. Paris insiste sur le caractère trilatéral de cette étape, destinée à illustrer la coopération de sécurité maritime dans l’Arctique.
La visite intervient moins de trois mois après le passage du vice-président des États-Unis, JD Vance, limité à la base américaine de Pituffik après des manifestations d’Inuits hostiles à toute perspective d’annexion. Vance avait publiquement reproché à Copenhague de ne « pas bien assurer la sécurité » de l’île, des propos qui ont ravivé les tensions diplomatiques. En réponse, le Danemark a annoncé un budget de €2bn ($2.15bn) pour renforcer la surveillance et les infrastructures dans l’Arctique. L’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) prévoit aussi d’ouvrir un centre de commandement aérien en Norvège au-delà du cercle polaire.
Fonte record et enjeux miniers
Des relevés du Danish Meteorological Institute indiquent qu’entre le 15 et le 21 mai la calotte groenlandaise a perdu 17 fois son volume hebdomadaire moyen, conséquence d’une vague de chaleur inédite. Cette accélération met au jour de nouveaux gisements de dysprosium, de néodyme et d’autres terres rares, ressources critiques pour les technologies à aimants permanents. La Commission européenne voit dans ce potentiel une occasion de diversifier des chaînes d’approvisionnement dominées par la Chine, et plusieurs entreprises françaises, dont Bureau de Recherches Géologiques et Minières et Orano Mining, accompagneront la délégation pour explorer des cadres d’exploitation. « Nos partenaires veulent une coopération respectueuse des règles internationales », affirme un conseiller de l’Élysée, rappelant que la population, forte de 57 000 habitants, conserve la décision finale sur toute activité minière.