Selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), les émissions mondiales de méthane de l’industrie fossile ont atteint des niveaux records en 2023, malgré les multiples avancées technologiques. Ces émissions, provenant principalement des fuites de gaz, requièrent des moyens d’actions urgents. En effet, rien que pour l’année 2023, environ 120 millions de tonnes de méthane ont été émises par la production d’énergie liée au pétrole, au gaz et au charbon, avec une légère augmentation par rapport à l’année précédente. De plus, environ 10 millions de tonnes supplémentaires proviennent de la bioénergie, tel que le bois brûlé pour les foyers de cuisson.
Toutes ces émissions ont un impact sérieux sur le réchauffement climatique, le méthane étant le deuxième gaz à effet de serre le plus important après le CO2.
Le taux record des émissions de méthane : un bilan alarmant
Malgré tous les progrès en matière de surveillance des émissions de méthane, les réductions nécessaires sont encore loin d’être atteintes. Les émissions de méthane de l’industrie fossile restent proches du record de 2019 et très loin des 75% de réduction nécessaires d’ici 2030 pour tenir la limite de 1,5°C de réchauffement fixée par l’accord de Paris, entré en vigueur depuis 2016.
Selon Tim Gould, économiste en chef de l’AIE, il n’y a aucune raison valable pour que ces émissions restent aussi élevées.En 2023, environ 40% des émissions de méthane de l’industrie fossile auraient pu être évitées sans coût net, grâce à des mesures de capture et de commercialisation du méthane. Réduire de 75% ces émissions coûterait environ 170 milliards de dollars, soit moins de 5% des revenus de l’industrie fossile en 2023, selon l’AIE.
Perspectives et Défis pour l’Avenir
Malgré ces défis, l’AIE reste optimiste quant aux politiques et réglementations importantes annoncées ces derniers mois, ainsi qu’aux nouveaux engagements pris lors de la COP28 à Dubaï. Dès la COP26, l’abaissement des émissions de méthane étaient déjà à l’ordre du jour. Puis, à la COP28, 52 compagnies pétrogazières se sont engagées à atteindre « près de zéro méthane » dans leurs opérations d’ici 2030, tandis que plus de 150 pays, dont récemment l’Azerbaïdjan, ont rejoint l’initiative « Global Methane Pledge », visant à réduire de 30% ces émissions entre 2020 et 2030.
De surcroît, Christophe McGlade, expert énergie à l’AIE, souligne que les deux tiers du méthane émis par l’industrie fossile proviennent de seulement dix pays, avec la Chine en tête pour le méthane issu du charbon, et les États-Unis en tête pour celui lié au pétrole et au gaz, suivis de près par la Russie. Les fuites de méthane détectées par satellite ont augmenté de plus de 50% par rapport à 2022, représentant 5 millions de tonnes supplémentaires. En ce sens, seule une concrète coopération internationale et un sérieux engagement des entreprises permettraient d’atteindre ces objectifs ambitieux.
Dans un contexte où la prise de conscience sur les enjeux climatiques est croissante, l’AIE souligne l’importance d’une action concertée et immédiate pour réduire les émissions de méthane de l’industrie fossile et atteindre les objectifs fixés par l’accord de Paris.