Trois ans après le lancement du plan REPowerEU, la Commission européenne a présenté une évaluation des progrès accomplis dans la réduction des importations d’énergies fossiles en provenance de Russie. Le rapport fait état d’un recul significatif des volumes de gaz, de pétrole brut et de charbon russes achetés par les pays membres de l’Union européenne.
Les importations de gaz et pétrole russe poursuivent leur chute
D’après les données publiées par la Commission, les importations de gaz naturel russe sont passées de 150 milliards de mètres cubes (bcm) en 2021 à 52 bcm en 2024. Cela représente une baisse de 98 bcm, réduisant la part du gaz russe dans les importations totales de 45 % à 19 %. Les importations de pétrole brut russe ont chuté de 27 % à seulement 3 %, tandis que celles de charbon sont désormais nulles.
Des efforts spécifiques sont également en cours dans le domaine du nucléaire. Les États membres qui exploitent des réacteurs de conception russe, notamment les VVER (Vodo-Vodyanoi Energetichesky Reaktor), intensifient leur recours à des fournisseurs non russes pour les composants et services critiques.
Expansion des renouvelables et baisse de la demande en gaz
En parallèle, l’Union européenne continue d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables. Selon les estimations du secteur, la capacité installée d’éolien et de solaire a progressé de 58 % entre 2021 et 2024. Cette hausse aurait permis d’économiser environ 38 bcm de gaz sur trois ans. Une augmentation supplémentaire de 16 % est anticipée pour 2025, ce qui pourrait remplacer 16 bcm additionnels de gaz.
L’UE a également revu ses règles en matière d’efficacité énergétique. Les États membres se sont engagés à réduire leur consommation d’énergie de 11,7 % d’ici 2030. Entre août 2022 et janvier 2025, la demande gazière a déjà diminué de 17 %, soit 70 bcm par an. Ce résultat est soutenu par des mécanismes de financement européen et des initiatives sur l’écoconception et l’étiquetage énergétique des produits ménagers.
Nouvelle feuille de route pour achever le découplage énergétique
Malgré ces progrès, certaines formes d’énergie russe continuent d’alimenter le marché européen. Le 6 mai 2025, la Commission a publié une feuille de route REPowerEU actualisée, visant à éliminer progressivement les dernières importations de gaz, de pétrole et de nucléaire russes. Cette stratégie prévoit des mesures législatives à venir en juin, notamment l’interdiction ou la restriction des contrats avec des fournisseurs gaziers russes.
La Commission entend également proposer des mesures commerciales ciblant les importations d’uranium enrichi russe ainsi que des actions spécifiques contre la flotte fantôme utilisée pour transporter du pétrole. De nouveaux dispositifs de transparence et de traçabilité sur l’origine du gaz russe seront introduits. Les États membres devront également préparer des plans nationaux de sortie progressive des énergies russes.
Selon la Commission européenne, ces initiatives visent à garantir une mise en œuvre coordonnée au niveau de l’Union, tout en réduisant les risques d’approvisionnement et les flux financiers vers la Russie.