L’Union européenne fait face à une pression sans précédent alors que Donald Trump, président élu des États-Unis, a déclaré qu’il imposerait des tarifs douaniers si les importations européennes d’énergie américaine n’augmentaient pas significativement. Ces menaces interviennent alors que les échanges énergétiques transatlantiques jouent un rôle stratégique croissant dans l’équilibre des marchés mondiaux.
En 2023, l’Union européenne a importé environ 58 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) américain, soit 68 % des volumes totaux exportés par les États-Unis cette année-là. Bien que ces flux aient diminué en 2024, représentant 53 % des volumes américains, ils demeurent critiques pour répondre à la demande énergétique européenne, en particulier après les réductions drastiques des importations de gaz russe.
Les enjeux du commerce énergétique transatlantique
Le pétrole brut américain, notamment le WTI Midland, constitue également une part importante des échanges. En décembre 2023, l’Europe a importé 1,8 million de barils par jour (b/j) de brut léger américain, un volume soutenu par la baisse de la demande asiatique. Ces exportations, bien que significatives, sont encore loin de combler le déficit commercial américain avec l’Europe, objectif régulièrement affiché par Donald Trump.
Les analystes soulignent que les infrastructures actuelles et les engagements contractuels des États-Unis, notamment en Asie, limitent la flexibilité des volumes exportables vers l’Europe. Toute augmentation de ces flux nécessiterait une réallocation, impactant d’autres régions stratégiques, ou une hausse de la production nationale, ce qui reste incertain.
Impacts potentiels des mesures tarifaires
Les menaces de Donald Trump d’instaurer des tarifs douaniers sur les produits européens surviennent dans un contexte déjà tendu de guerre commerciale. Ces mesures pourraient non seulement perturber les échanges énergétiques mais également entraîner des hausses de prix pour les consommateurs des deux côtés de l’Atlantique.
En outre, une augmentation des coûts de production due aux tarifs pourrait réduire l’attractivité des hydrocarbures américains sur le marché mondial, nuisant à la compétitivité énergétique des États-Unis. Rachel Ziemba, conseillère chez Horizon Engage, a averti que ces politiques protectionnistes risquent de déséquilibrer les flux commerciaux globaux tout en limitant les gains escomptés sur le déficit américain.
La position européenne face aux défis énergétiques
En réponse, l’Union européenne cherche à diversifier ses approvisionnements tout en réduisant sa dépendance résiduelle au gaz russe. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a récemment évoqué l’intérêt d’accroître les importations de GNL américain pour garantir la sécurité énergétique tout en stabilisant les prix sur le marché intérieur.
Cependant, cette transition reste complexe à court terme, compte tenu des contraintes logistiques et des besoins concurrents des autres clients du GNL américain, notamment en Asie. Par ailleurs, les experts s’accordent à dire qu’un rapprochement énergétique entre l’UE et les États-Unis ne peut se faire sous la menace de mesures punitives, qui risquent de miner la confiance entre partenaires stratégiques.