La majorité des États membres de l’Union européenne a donné son accord à l’interdiction des importations de gaz naturel russe, franchissant ainsi une étape décisive vers la réduction de sa dépendance énergétique envers Moscou. Cette mesure, proposée par la Commission européenne au printemps, a été soutenue lors d’un conseil des ministres de l’Énergie à Luxembourg. Bien que la Slovaquie et la Hongrie s’y soient opposées, elles n’ont pas obtenu suffisamment d’alliés pour bloquer le processus.
L’objectif affiché est de tarir l’une des principales sources de revenus de l’économie russe, qui reste fortement alimentée par les ventes d’hydrocarbures. En 2025, l’Union européenne prévoit encore d’acheter pour 15 milliards € ($15.91bn) de gaz naturel à la Russie. Le texte doit désormais être négocié avec le Parlement européen avant d’entrer en vigueur.
Vers une adoption accélérée avant fin 2025
La présidence tournante de l’Union européenne, actuellement assurée par le Danemark, souhaite conclure les négociations avec le Parlement européen d’ici la fin de l’année. Le ministre danois de l’Énergie, Lars Aagaard, a qualifié cette initiative de « décision qui va façonner l’avenir du continent », insistant sur la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement énergétique.
La Commission européenne ne limite pas son action à une échéance fixée à fin 2027. En septembre, elle a proposé un calendrier encore plus contraignant pour le gaz naturel liquéfié (GNL), en appelant à une interdiction de ces importations dès fin 2026. Cette mesure figure dans un 19e paquet de sanctions en cours d’élaboration, mais n’a pas été abordée lors de la réunion ministérielle.
Des divisions persistantes entre États membres
La Hongrie a exprimé une opposition ferme à cette interdiction, invoquant des risques pour sa sécurité énergétique. Le ministre des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a affirmé que cette décision allait « tuer » la stabilité d’approvisionnement de son pays, ajoutant que les enjeux énergétiques ne devraient pas être liés à la politique étrangère.
De son côté, le Parlement européen pousse pour une application plus rapide et plus étendue de cette interdiction. Ses commissions de l’Industrie et du Commerce ont adopté une proposition visant à bloquer toutes les importations de gaz russe — gazoduc et GNL — dès le 1er janvier 2026, sauf exceptions ciblées.
Une dépendance encore significative à réduire
Malgré les efforts entamés depuis le début du conflit en Ukraine en 2022, la Russie représentait encore 19 % des importations de gaz de l’Union européenne en 2024, contre 45 % en 2021. La baisse reste significative, mais témoigne d’une dépendance persistante, notamment dans certains États d’Europe centrale.
Cette pression accrue de la part des institutions européennes intervient dans un contexte où les partenaires internationaux multiplient les appels à cesser toute coopération énergétique avec la Russie. Le président des États-Unis a récemment déclaré que les achats européens de pétrole et de gaz russes revenaient à « financer la guerre » en Ukraine.