La Transdniestrie, région séparatiste prorusse de Moldavie, traverse une grave crise énergétique depuis l’interruption des livraisons de gaz russe le 1er janvier. Cette coupure résulte de l’expiration d’un contrat entre l’Ukraine et la Russie, une décision stratégique de Kiev visant à réduire sa dépendance à l’égard de Moscou dans un contexte de guerre prolongée.
Une initiative énergétique au cœur des tensions
Pour répondre à cette situation, l’Ukraine, par la voix de son président Volodymyr Zelensky, a proposé de fournir gratuitement du charbon aux centrales thermiques de Transdniestrie, notamment à celle de Cuciurgan. Ce site, autrefois essentiel pour l’approvisionnement électrique de la Moldavie, fonctionne à capacité réduite depuis que le gaz russe, fourni gratuitement par Gazprom pour soutenir cette région prorusse, a été coupé.
« Nous avons du charbon que nous pouvons envoyer à Tiraspol. S’ils veulent vraiment que les gens aient de l’électricité, nous sommes prêts à discuter d’un prix bas, voire d’une livraison gratuite », a déclaré Zelensky lors d’une rencontre avec Maia Sandu, présidente de la Moldavie. Cette déclaration s’inscrit dans une double stratégie : répondre aux besoins immédiats de la Transdniestrie tout en réduisant son alignement énergétique sur la Russie.
La géopolitique de l’énergie en toile de fond
La crise énergétique en Transdniestrie reflète l’impact des affrontements géopolitiques dans la région. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a près de trois ans, les infrastructures énergétiques ukrainiennes ont été lourdement touchées par les bombardements russes. De son côté, la Moldavie a diversifié ses approvisionnements en électricité et en gaz grâce à des importations depuis la Roumanie, mais la Transdniestrie reste isolée et dépendante.
Des manifestations ont éclaté à Tiraspol, capitale de la Transdniestrie, où les habitants réclament des mesures pour rétablir l’approvisionnement en gaz. Ces tensions internes s’ajoutent à la crainte, exprimée par les dirigeants moldaves, d’une éventuelle déstabilisation orchestrée par Moscou pour étendre le conflit à leur territoire.
Une proposition stratégique pour l’avenir
Lors de leur échange, Maia Sandu a souligné l’importance d’accepter rapidement l’aide ukrainienne afin de répondre aux besoins urgents de la population locale. Volodymyr Zelensky a par ailleurs évoqué une possibilité de coopération à double sens, suggérant que la Transdniestrie fournisse de l’électricité à l’Ukraine en retour, afin de pallier les dommages subis par ses propres infrastructures énergétiques.
Cependant, cette initiative s’inscrit également dans une lutte d’influence. En apportant une solution temporaire à la crise énergétique de la Transdniestrie, Kiev pourrait affaiblir l’emprise de la Russie sur cette région stratégique. Le Premier ministre moldave Dorin Recean a également déclaré que la présence continue de troupes russes en Transdniestrie, héritée du conflit de 1992, reste un obstacle majeur à la stabilité régionale.
Énergie et conflit : une dynamique indissociable
Au-delà de son aspect humanitaire, l’offre ukrainienne reflète une stratégie politique visant à remodeler les rapports de force dans la région. Alors que le conflit armé en Ukraine se poursuit, le contrôle des ressources énergétiques et leur utilisation comme levier d’influence restent au cœur des enjeux. La Transdniestrie, en tant que point de tension entre la Russie, l’Ukraine et la Moldavie, illustre comment l’énergie peut être un outil clé dans le cadre d’un conflit plus large.