L’Ukraine entend débuter des tests de liaison de son réseau électrique à l’Europe occidentale. Elle cherche essentiellement à se découpler du réseau biélorusse et de celui d’autres anciens États de la sphère soviétique.
Une Ukraine dépendante de l’Europe de l’est
Kiev est actuellement dans une impasse diplomatique avec la Russie. La récente escalade du conflit qui l’oppose à Moscou interroge sa dépendance énergétique. Depuis son indépendance de 1991, l’Ukraine connaît par exemple plusieurs conflits gaziers avec son voisin russe. Dans la seule décennie 2000, trois conflits de ce type rythment les relations entre les deux États.
La crise ukrainienne de 2013 remet la dépendance énergétique de Kiev au-devant de ses préoccupations. Entre plusieurs périodes d’escalade et d’apaisement, le conflit atteint aujourd’hui un nouveau pic. En effet, l’OTAN estime que 100 000 soldats russes stationnent présentement à la frontière ukrainienne.
Face à un potentiel risque d’invasion, l’Ukraine entend repenser sa sécurité énergétique. Plus particulièrement, elle aspire à s’affranchir de sa dépendance à la Russie ainsi qu’aux autres anciens pays de l’Union Soviétique. Dorénavant, cette réorientation de sa politique énergétique ne concerne plus seulement le gaz, mais également l’électricité.
Kiev et ses défis électriques actuels
Le rapprochement de l’Ukraine avec la sphère occidentale de l’Europe ne concerne pas uniquement ses liens diplomatiques, politiques, et militaires. Outre la question de l’UE, casus belli du conflit ukrainien, Kiev prépare progressivement son rattachement au réseau électrique occidental. En ce sens, le pays se dit prêt à tester son réseau électrique afin de le relier à l’Europe.
Le ministre de l’énergie Herman Halushchenko ambitionne notamment de se découpler de la Biélorussie. En effet, la proximité de cette dernière avec Moscou dans le cadre du conflit ukrainien pose problème à Kiev. Alexandre Loukachenko, le président biélorusse, est en effet très clair sur le positionnement de Minsk.
Si les tensions avec la Russie dégénèrent en guerre, la Biélorussie promet de cesser l’approvisionnement énergétique vers Kiev. L’Ukraine est encore particulièrement dépendante de Minsk pour lisser les déséquilibres de son réseau électrique. En somme, répondre à sa problématique électrique nationale fait urgence.
L’Ukraine à la recherche de partenaires occidentaux
En conséquence de son isolement à l’est, l’Ukraine se tourne vers l’Europe. Elle souhaite ainsi se connecter au réseau européen des gestionnaires de réseau de transport dès l’année prochaine. Toutefois, une inquiétude subsiste encore : celle d’une période d’autarcie électrique.
Le défi peut en effet paraître complexe. Le ministre de l’énergie espère néanmoins rassurer la population ukrainienne à ce sujet. Lors d’un point presse télévisé, il déclare que « le système énergétique [de l’Ukraine] est prêt à traverser un régime isolé ».
Les tests de déconnexion des réseaux voisins sont prévus du 24 au 26 février prochains. Ils doivent permettre de vérifier la viabilité de ce régime isolé et préparer la liaison de l’Ukraine à de nouveaux réseaux occidentaux.
Halushchenko rappelle en outre que les États-Unis et l’Union Européenne expriment leur soutien à ces projets de raccordement électrique. Il fait enfin l’emphase sur la menace d’une invasion du pays, que la Russie, elle, dément à plusieurs reprises.
Cet hiver, la Biélorusse représente encore la seule source d’électricité complémentaire pour Kiev en cas d’urgence. La perspective d’un bloc uni entre Minsk et Moscou fait craindre au pays pour sa sécurité énergétique. Finalement, Ce rééquilibrage s’inscrit dans la continuité d’une politique d’indépendance de Kiev vis-à-vis de l’ancien bloc soviétique.
D’une façon plus pratique, il s’agit également de se préparer stratégiquement à de potentielles opérations militaires dans l’est du pays. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN qualifie par ailleurs la politique énergétique russe en Europe de tactique de guerre hybride. La Russie, quant à elle, continue de rejeter ces accusations.