Le 1er janvier 2025, l’Ukraine a officiellement cessé le transit de gaz russe vers l’Europe, mettant fin à un contrat signé en 2019 entre Naftogaz, l’opérateur ukrainien, et Gazprom. Cette décision marque une rupture stratégique pour l’approvisionnement énergétique européen, qui reposait encore en partie sur ce corridor de 14 milliards de mètres cubes annuels.
Cette interruption intervient dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine, déclenchée en février 2022. Depuis, la Russie a intensifié ses attaques sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes, aggravant les tensions régionales et plongeant plusieurs pays voisins dans une crise énergétique sans précédent.
Un impact direct pour l’Europe de l’Est
Les pays de l’Europe de l’Est sont en première ligne des conséquences de cette coupure. La Slovaquie, fortement dépendante du gaz russe, a exprimé ses inquiétudes par la voix de son Premier ministre Robert Fico, qui a évoqué un « impact drastique ». Cette situation pourrait affecter la stabilité économique et sociale de la région, déjà fragilisée par des tensions géopolitiques croissantes.
En Moldavie, l’interruption du transit a exacerbé une crise énergétique chronique. Dans la région séparatiste de Transdniestrie, les habitants subissent déjà des pénuries de gaz et de chauffage. Le gouvernement moldave a appelé la Russie à cesser son « chantage énergétique », tout en mobilisant des solutions d’urgence, notamment grâce à l’aide de la Roumanie voisine.
Un tournant stratégique pour l’Ukraine
Pour Kiev, cet arrêt du transit est une opportunité stratégique. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, cette rupture symbolise « une défaite majeure » pour Moscou. En effet, au début des années 2000, la Russie exportait plus de 130 milliards de mètres cubes de gaz via l’Ukraine. Aujourd’hui, ce volume est réduit à zéro, reflétant l’érosion progressive de l’influence énergétique russe en Europe.
Les données du marché confirment cette transition : l’Union européenne s’est tournée vers d’autres fournisseurs, notamment le gaz naturel liquéfié (GNL) acheminé par méthaniers, ainsi que des pipelines alternatifs comme le TurkStream. Cependant, les tensions restent vives, les prix du gaz ayant franchi récemment la barre symbolique des 50 euros par mégawattheure.
Conséquences pour Gazprom et l’avenir du secteur
Pour Gazprom, cette perte de marché pourrait engendrer des conséquences financières significatives. L’entreprise russe est confrontée à une contraction des volumes exportés vers l’Europe, une situation qui limite son influence géopolitique. À l’échelle mondiale, ce bouleversement pourrait accélérer les efforts de diversification énergétique des pays européens, réduisant encore davantage la dépendance aux hydrocarbures russes.
Alors que les acteurs européens se concentrent sur la sécurisation de nouvelles sources d’approvisionnement, la rupture du transit via l’Ukraine marque une nouvelle ère pour la politique énergétique du continent.