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L’Ukraine possède la plus grande capacité de stockage de gaz en Europe, estimée à environ 31 milliards de mètres cubes (Bcm). Ces infrastructures ont historiquement attiré des acteurs européens cherchant à stocker du gaz excédentaire. Toutefois, la situation a évolué en 2024, marquée par une baisse significative des volumes stockés par les entreprises étrangères en raison des risques liés au conflit en cours.
Une attractivité réduite par le contexte sécuritaire
Au printemps 2024, plusieurs sites de stockage ukrainiens ont été visés par des frappes de missiles et de drones, provoquant un désengagement des traders européens. Selon l’ancien Directeur Général de l’opérateur de transport de gaz GTSOU, Sergiy Makogon, les craintes liées à la sécurité ont contribué à un effondrement des volumes de gaz étrangers stockés. Alors que 2,5 Bcm de gaz avaient été stockés par des entreprises non résidentes en 2023, ces niveaux sont devenus négligeables en 2024.
Cette situation a été aggravée par une moindre rentabilité du stockage, liée à un resserrement de l’écart entre les prix du gaz en été et en hiver. L’évolution des dynamiques du marché européen a ainsi réduit l’incitation des entreprises à immobiliser du gaz en Ukraine.
UkrTransGaz mise sur l’intégration au marché européen
Dans ce contexte, UkrTransGaz s’efforce de rétablir la confiance des investisseurs étrangers et de réaffirmer le rôle de l’Ukraine sur le marché gazier européen. L’entreprise a souligné son engagement à améliorer l’efficacité de ses infrastructures de stockage tout en cherchant à renforcer sa coopération avec des partenaires internationaux.
Selon un communiqué publié le 4 février, l’opérateur a mis en avant la nécessité d’attirer des clients étrangers et d’optimiser les performances de ses installations. L’intégration au marché européen reste une priorité stratégique, avec l’objectif de maximiser l’utilisation des capacités de stockage disponibles.
Des stocks suffisants mais une capacité sous-utilisée
Malgré la réduction des apports étrangers, Naftogaz, la société énergétique publique, a assuré que l’Ukraine disposait de réserves suffisantes pour couvrir ses besoins hivernaux. Les données de Gas Infrastructure Europe (GIE) indiquaient que les stocks actifs ukrainiens atteignaient 34,4 térawattheures (TWh), soit environ 3,2 Bcm, au 3 février. Cela représente un peu plus de 10 % de la capacité totale du pays.
Toutefois, les projections pour l’hiver 2025-2026 soulignent un défi majeur : la nécessité d’importer jusqu’à 3 Bcm pour reconstituer les réserves, selon Sergiy Makogon. L’Ukraine cherche donc à équilibrer sa production nationale et ses besoins d’importation, tout en limitant sa dépendance aux marchés européens où les prix restent élevés.
Un secteur gazier sous pression
Malgré un contexte difficile, la production gazière ukrainienne a enregistré une hausse en 2024, atteignant 19,1 Bcm contre 18,7 Bcm en 2023. Cette progression témoigne des efforts de Kiev pour renforcer son autonomie énergétique. Toutefois, les infrastructures restent vulnérables aux frappes. Le 15 janvier, un assaut de grande ampleur a touché des sites énergétiques, impactant des installations de stockage.
La résilience du réseau gazier ukrainien et la capacité du pays à sécuriser ses infrastructures seront déterminantes pour attirer à nouveau des acteurs européens. UkrTransGaz mise sur des garanties techniques et une meilleure intégration aux dynamiques du marché européen pour convaincre les entreprises de revenir.
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