L’Ukraine devrait changer de fusil d’épaule en matière énergétique. La Russie souhaite réduire, voir couper le transit de son gaz par le pays d’Europe de l’Est. Kiev s’en remet aux européens de l’Ouest. Soutenu par l’Allemagne, pourtant destinataire principal des nouvelles routes de transit du gaz russe, l’Ukraine se tourne également vers le nucléaire américain.
L’Ukraine vers un isolement énergétique?
Kiev fait pression sur l’Occident pour qu’il empêche la mise en service du gazoduc russe Nord Stream 2 qui contourne le pays. La Russie, avait l’habitude d’expédier le gaz naturel principalement par l’Ukraine. Depuis, elle a diversifié ses voies d’exportation, en construisant les gazoducs sous-marins Nord Stream et TurkStream.
Dans le cadre de l’accord conclu avec la Hongrie, Gazprom expédiera chaque année 4,5 milliards de mètres cubes. Le gaz sera importé via deux routes : 3,5 milliards de mètres cubes via la Serbie et 1 milliard de mètres cubes via l’Autriche.
Pertes de revenus colossales pour l’Ukraine
Le Nord Stream 2, sur le point d’être achevé, passe sous la mer Baltique, pour fournir directement l’Allemagne en gaz russe. Il va aussi avoir pour conséquence de priver l’Ukraine d’au moins 1,5 milliard de dollars de revenus annuels. Dans ce cas, le pays pourrait perdre une arme diplomatique face à son adversaire russe.
« Personne ne peut nier que les principaux risques avec l’achèvement de Nord Stream 2 pèseront sur l’Ukraine », a averti le président ukrainien.
Entre soutiens et tensions avec ces partenaires européens
Sergiy Makogon, le chef du gestionnaire du réseau de transport de gaz ukrainien déclare :
« La monopolisation des routes du gaz, soulève la question des principes du fonctionnement des marchés du gaz de l’UE : la transparence. Il faut stopper le renforcement de la position dominante […] dans le contexte d’une hausse des prix du gaz en Europe ».
L’Ukraine s’est opposée au nouvel accord gazier, affirmant qu’il s’agissait d’une décision purement politique et économiquement déraisonnable. Elle demande à l’exécutif de l’UE d’évaluer s’il respectait la législation européenne en matière d’énergie.
Contentieux avec la Hongrie
Dans le cadre de l’accord conclu avec la Hongrie, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a rejeté les critiques de l’Ukraine voisine. Le pays affirme qu’il ne pouvait pas prendre en compte le point de vue de Kiev.
Par conséquent, Gazprom a suspendu le transit de gaz vers la Hongrie via l’Ukraine. M. Orban a déclaré à la radio publique qu’il n’avait de comptes à rendre qu’aux électeurs hongrois sous la contrainte de payer des prix du gaz beaucoup plus élevés sans le nouvel accord. Par ailleurs, cela pourrait appuyer les véilléités anti-Ukraine du pays par rapprot à son entrée dans l’OTAN.
Soutien polonais et allemand
La chancelière fédérale d’Allemagne s’est rendue ce samedi 11 septembre en Pologne. Le sujet des discussions portait sur le gazoduc Nord Stream 2 avec le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. Elle a indiqué que l’Ukraine doit rester un pays de transit pour le gaz russe après 2024.
Le premier ministre polonais a assuré que le gaz russe qui continuera de transiter via l’Ukraine. Malgré l’introduction du gazoduc Nord Stream 2, cette continuité réduira les risques de « chantage » politique et économique russe.
Cette annonce conjointe de soutien intervient à la suite du discours prononcé fin août 2021 par le président russe. Ce dernier assure que son pays respectera ses accords commerciaux vis-à-vis de son voisin ukrainien, même après 2024. Il demandait cependant que les partenaires se mettent d’accord sur le volume à faire transiter.
L’Ukraine cherche des alternatives énergétiques
L’Ukraine cherche donc une porte de sortie et se tourne vers d’autres sources énergétiques. Début septembre 2021, le président Volodymyr Zelensky était à Washington DC pour signer un accord d’exclusivité entre le nucléariste américain WEstinghouse et la compagnie d’État ukrainienne Energoatom. Le pays d’Europe de l’Est se tourne donc vers l’énergie nucléaire et le bloc occidental. C’est également un moyen d’atteindre ses objectifs de transition énergétique.