L’Union européenne a réaffirmé son engagement à ne pas revenir sur son interdiction des importations de gaz russe, même en cas de résolution du conflit en Ukraine. Le 13 mai, Dan Jørgensen, le commissaire européen à l’Énergie, a déclaré que cette politique resterait inchangée, qualifiant la feuille de route de l’UE pour éliminer progressivement la dépendance énergétique à la Russie de « très claire » et « indépendante » des négociations de paix. L’objectif reste de réduire à zéro les importations de gaz russe d’ici la fin de 2027.
Jørgensen a insisté sur le fait que la Commission européenne (CE) ne souhaitait pas de « molécule » de gaz en provenance de Russie dans le futur. Cela fait partie d’un plan visant à diversifier les sources d’approvisionnement énergétique de l’UE et à renforcer la sécurité énergétique de la région. La CE prévoit de soumettre des propositions législatives en juin pour interdire les contrats de gaz russe existants d’ici 2025 et éliminer les importations sous contrats à long terme d’ici 2027.
Le défi pour certains pays de l’UE
Malgré cette approche ambitieuse, certains pays de l’UE, comme la Hongrie et la Slovaquie, ont exprimé des objections fermes. Ces nations restent fortement dépendantes du gaz russe, notamment par des contrats à long terme. La Hongrie a signé en 2021 un accord avec Gazprom pour l’approvisionnement en gaz pour les 15 prochaines années, un contrat qui continue d’alimenter ses besoins énergétiques. En réponse à la proposition de la CE, la Hongrie a qualifié la décision de « grave erreur », estimant que cela risquait de compromettre la sécurité énergétique du pays et de faire grimper les prix de l’énergie.
De son côté, la Slovaquie, qui a également arrêté ses importations de gaz russe via l’Ukraine fin 2024, rencontre des difficultés pour diversifier ses sources d’approvisionnement. Le pays dépend désormais de gaz acheminé via le pipeline TurkStream, en provenance de la Russie, mais les volumes restent insuffisants pour répondre à ses besoins. Le ministère slovaque de l’Économie a fait savoir que les alternatives au gaz russe étaient insuffisantes pour remplacer entièrement l’approvisionnement, rendant les interdictions proposées problématiques.
Une politique énergétique de long terme
La stratégie de l’UE s’inscrit dans un cadre plus large visant à renforcer la résilience énergétique de l’Europe face aux crises géopolitiques. Le plan de la Commission européenne repose sur une double approche : d’une part, la réduction de la dépendance au gaz russe et, d’autre part, l’accélération des investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Cependant, l’UE devra naviguer entre ses ambitions climatiques et les réalités économiques et géopolitiques des États membres, notamment ceux les plus dépendants du gaz russe.
Le plan de transition énergétique, bien qu’ambitieux, fait face à de nombreuses résistances internes, et les discussions sur son financement et son déploiement vont se poursuivre dans les mois à venir.