La Russie a d’ores et déjà diminué les livraisons de gaz vers l’Union européenne (UE). Ainsi, alors que la probabilité d’un arrêt total des flux russes augmente, le charbon semble s’imposer comme une solution à court terme.
Le charbon, l’unique option ?
Selon l’Australia and New Zealand Banking Group (ANZ) dans un rapport du 14 juillet, le charbon est la seule option pour stabiliser l’approvisionnement énergétique de l’Union européenne. Selon l’ANZ, l’énergie nucléaire ne semble par être une alternative viable :
« L’énergie nucléaire reste réduite en raison du vieillissement des centrales électriques et les importations de GNL sont à leur capacité maximale ».
Ce rapport ajoute cependant que l’Europe s’est efforcée de diversifier ses sources d’énergie ainsi que ses approvisionnements. Néanmoins, le rapport explique que les alternatives sont de plus en plus difficiles à trouver et que ces dernières ne suffiront sûrement pas à combler le gaz russe.
Avec les sanctions de l’UE à l’encontre de la Russie, les flux de produits énergétiques, en particulier le gaz, sont une source de préoccupation majeure pour la région. L’UE importe 90 % de sa consommation de gaz, la Russie fournissant environ 45 % de ces importations. La sécurité énergétique devient par conséquent l’objectif prioritaire à court terme de l’UE, parfois en dépit des objectifs climatiques.
Les pays européens relancent les centrales
Ainsi, l’Allemagne envisage déjà de redémarrer certaines centrales électriques au charbon. Elle a prévu une capacité de 6,9 GW pour le charbon, de 1,9 GW pour le lignite et de 1,6 GW pour le pétrole afin de renforcer son approvisionnement énergétique. Le Parlement a également discuté d’incitations financières pour les opérateurs de centrales au charbon si la situation de l’approvisionnement en gaz se détériore.
L’Italie songe également à relancer jusqu’à 2,5 GW de capacité de production d’électricité au charbon. Cela porterait la capacité opérationnelle de charbon de l’Italie à 8,5 GW.
Si Nord Stream se maintient à environ 40 % de sa capacité pour le reste de l’année, ANZ a déclaré que la consommation de gaz devrait baisser de 5 %, et que les niveaux de stockage atteindraient environ 67 % avant l’hiver.
« Si Nord Stream s’arrête complètement, la consommation de gaz devrait être réduite de 10 % et les niveaux de stockage atteindraient 60 % avant l’hiver. Il existe donc un risque réel que l’Europe se retrouve à court de gaz pendant les hivers. »
Pourtant, les prix du charbon continuent de subir la pression à la hausse, une conséquence de la forte demande européenne. Les prix européens du charbon physique CIF ARA 6 000 kcal/kg NAR ont été évalués à 415 $/mt le 13 juillet. Ainsi, selon ANZ :
« Une crise énergétique imminente en Europe est susceptible de faire passer les compagnies d’électricité du gaz au charbon, ce qui pourrait accroître la concurrence pour le charbon maritime ».
Illustration : Energy industry illustrations par SOFIA ZHELTUKHINA