L’Union européenne prévoit d’investir dans le plus haut barrage hydroélectrique du monde au Tadjikistan. Ainsi, l’UE entend réduire l’influence russe dans la région. En investissant dans ce barrage, l’Union souhaite réduire la dépendance des États d’Asie centrale envers la Russie. En outre, c’est également une réponse à la Belt and Road Initiative (BRI) chinoise.
L’UE investit dans l’hydroélectricité pour contrer l’influence russe
La construction de la centrale hydroélectrique de Rogun, au Tadjikistan, a commencé en 2016. À terme, elle pourrait offrir l’indépendance énergétique à l’ancienne république de l’URSS. C’est dans cette optique que l’UE souhaite investir dans cette centrale.
Ainsi, l’European Investment Bank (EIB) et l’UE envisagent un investissement conjoint. Selon un porte-parole de l’EIB, la Commission européenne aurait demandé à l’EIB de devenir le principal investisseur du barrage. Soulignons que le principal promoteur du projet est italien, il s’agit de la société Webuild.
Le coût du barrage hydroélectrique de Rogun est estimé à 8 milliards de dollars. Selon Dalyor Juma, ministre de l’Énergie du Tadjikistan, une enveloppe de $3 milliards a été dépensée. Si le pays a bénéficié de prêts venant de partenaires privés, il demande le soutien financier et technologique de l’UE pour achever sa construction.
S’affranchir de l’énergie russe et de l’influence chinoise
Tout d’abord, l’UE voudrait devenir un investisseur de premier plan dans le barrage hydroélectrique pour une raison précise. L’ambition est de voir le Tadjikistan et ses voisins devenir indépendants de l’énergie russe. À travers cet investissement, l’UE et ses alliés, espèrent isoler la Russie sur la scène internationale.
De plus, il s’agit de développer une diplomatie énergétique en Asie centrale. En apportant son soutien, l’UE aiderait le Tadjikistan a finaliser son barrage qui couvrira les besoins en électricité du pays. En outre, le Tadjikistan pourra exporter le surplus vers l’Ouzbékistan et le Kazakhstan. Or, ces deux pays importent du gaz russe. Ainsi, en investissant dans ce barrage, l’UE pourra réduire l’influence russe au Tadjikistan mais aussi dans les pays voisins qui dépendent largement des hydrocarbures russes.
Enfin, ce financement s’inscrirait dans la stratégie Global Gateway de l’Union. Dans le cadre de celle-ci, l’UE a débloqué 300 milliards d’euros. Cette somme doit servir à investir dans des infrastructures énergétiques. Ainsi, l’UE ambitionne de proposer une alternative à la BRI.
Le porte-parole de l’EIB confirme l’intérêt pour un tel investissement, tout comme l’UE. Néanmoins, il est difficile de prédire quand l’UE passera à l’acte. Une décision pourrait voir le jour d’ici le dernier trimestre de l’année.
Illustration : City Night par KANG CHENG GAO