L’Union européenne renforce sa stratégie de diversification énergétique avec le soutien au développement d’un corridor gazier inédit reliant l’Europe centrale et orientale aux infrastructures de gaz naturel liquéfié (GNL) en Méditerranée. Ce projet, conçu pour réduire la dépendance européenne vis-à-vis du gaz russe, pourrait bénéficier d’une importante participation du GNL américain, crucial pour garantir la sécurité énergétique de la région.
Ce corridor gazier, élaboré en collaboration avec plusieurs gestionnaires de réseaux de transport de gaz d’Europe centrale et de l’Est, doit permettre d’acheminer des volumes accrus de GNL regazéifié vers des marchés jusqu’ici fortement dépendants du gaz russe. Le projet vise à élargir les infrastructures existantes pour assurer un approvisionnement fiable en GNL et répondre à la demande croissante de la région en énergie, particulièrement dans un contexte où les livraisons de gaz russe pourraient cesser fin 2024.
Un Projet au Cœur de la Politique Énergétique de l’UE
Ce corridor gazier entre dans le cadre des objectifs du plan REPowerEU, par lequel l’Union européenne s’engage à réduire progressivement sa consommation de combustibles fossiles en provenance de Russie d’ici à 2027. Selon un responsable européen impliqué dans le projet, cette nouvelle infrastructure répond à une nécessité pressante de réorganiser les flux de gaz dans toute l’Europe de l’Est et centrale en anticipant la fin du contrat de transit entre la Russie et l’Ukraine, prévue pour fin 2024.
Le projet s’appuie également sur la coopération du Groupe de haut niveau pour la connectivité énergétique en Europe centrale et sud-orientale (CESEC), une initiative créée en 2015 pour promouvoir la connectivité énergétique régionale. Cette collaboration stratégique entre les pays de la région a permis de coordonner des projets transfrontaliers pour répondre aux besoins énergétiques et réduire la dépendance à un seul fournisseur.
Le Rôle Stratégique du GNL Américain
L’importance du GNL américain dans la transition énergétique européenne s’est révélée cruciale depuis 2022, lorsque les États-Unis ont intensifié leurs exportations vers l’Europe pour combler le déficit énergétique causé par la réduction des flux russes. Selon les données de S&P Global Commodity Insights, l’Europe a importé environ 149,72 millions de tonnes de GNL américain depuis le début de 2022, ce qui en fait une source essentielle pour l’équilibre énergétique de l’UE.
Avec ce nouveau corridor gazier, l’infrastructure de GNL en Méditerranée, comme le terminal d’Alexandroupolis en Grèce, jouera un rôle clé dans le transport et la régulation des importations de GNL en Europe. Venture Global, une société d’exportation de GNL basée aux États-Unis, a récemment signé un accord pour utiliser ce terminal et fournir 25 % de sa capacité de regazéification dès 2025. La Grèce, ainsi que d’autres pays d’Europe de l’Est, bénéficieront directement de cet approvisionnement en gaz américain, qui offre une alternative aux sources russes.
Défis et Opportunités pour l’Approvisionnement Energétique
La demande de GNL en Europe reste soutenue malgré une réduction des importations de gaz russe par pipeline. Selon la Commission européenne, les importations de gaz russe par pipeline ont chuté de 59 % entre le début de 2021 et 2024. Néanmoins, le marché du GNL continue de voir une légère augmentation de la part russe dans les importations de gaz de l’UE, même si les prix sont en forte hausse, en raison de la volatilité du marché énergétique mondial.
Avec ce projet de corridor gazier, l’Union européenne espère répondre à la demande croissante tout en limitant l’impact des fluctuations de prix. Les pays de l’Europe centrale et orientale, notamment, pourront renforcer leur résilience énergétique en diversifiant leurs sources d’approvisionnement, contribuant ainsi à stabiliser leurs marchés tout en réduisant leur dépendance à l’égard de la Russie.