L’Union européenne (UE) a franchi une nouvelle étape dans sa stratégie de pression économique contre la Russie en adoptant un 15ᵉ paquet de sanctions, a confirmé la présidence hongroise de l’UE le 11 décembre. Ces nouvelles mesures visent principalement à réduire les capacités logistiques et économiques de la Russie dans son conflit contre l’Ukraine.
Selon un communiqué officiel, le dernier volet des sanctions inclut une extension de la liste noire des navires pétroliers. Désormais, un plus grand nombre de tankers transportant du pétrole russe seront soumis à des restrictions, y compris ceux opérés par des pays tiers. Ces mesures s’inscrivent dans les efforts visant à renforcer le plafond de prix du G7 sur le pétrole russe, tout en limitant les capacités d’exportation de Moscou.
Une cible élargie aux pays tiers
Ce nouveau paquet de sanctions introduit des restrictions visant des entités basées dans des pays autres que la Russie, mais accusées de contribuer indirectement à l’effort militaire russe. La stratégie inclut également l’élargissement de la liste des entreprises et individus sanctionnés, une décision approuvée par le Conseil européen après une proposition soumise par la Commission européenne en novembre dernier.
Toutefois, aucune précision n’a été donnée sur la potentielle prolongation de l’exemption permettant à la République tchèque d’importer des carburants produits à partir de brut russe en Slovaquie.
La montée de la flotte de pétroliers fantômes
Les données récentes montrent que plus de 80 % des exportations maritimes de pétrole brut russe en novembre ont été réalisées par des navires non immatriculés dans les pays du G7, de l’UE, de l’Australie, de la Suisse ou de la Norvège, ni assurés par les clubs de protection occidentaux. Cette « flotte fantôme » joue un rôle clé dans la stratégie de contournement des sanctions occidentales par la Russie.
Malgré les efforts internationaux, cette flotte grandissante continue de limiter l’impact des restrictions économiques sur les revenus pétroliers russes. Par ailleurs, les marges de Moscou sur son pétrole brut se stabilisent, le prix du baril d’Urals ayant enregistré un écart constant d’environ 12,25 dollars par rapport au Brent daté en novembre.
Vers un ajustement stratégique
Le renforcement des sanctions européennes intervient dans un contexte de réduction des écarts de prix pour le pétrole russe, qui atteignaient autrefois des niveaux record de 40 dollars par baril. La stabilité actuelle des prix montre toutefois les limites des sanctions en l’absence d’une mise en œuvre plus stricte.
Ce nouvel ensemble de mesures reflète une volonté accrue des États membres de contrer les mécanismes de contournement déployés par la Russie. Les sanctions visent également à envoyer un signal clair aux pays tiers impliqués indirectement dans le soutien à Moscou.