L’Ouzbékistan prévoit de porter la part des énergies renouvelables à 54 % de sa production totale d’électricité d’ici 2030, un objectif relevé par rapport aux 40 % initialement annoncés. Cette transition s’inscrit dans un contexte de croissance rapide de la consommation énergétique, qui devrait atteindre 121 milliards de kilowattheures d’ici 2035, selon les projections nationales.
Dans cette optique, la Banque mondiale a approuvé le 15 mai un crédit concessionnel de $100mn en faveur de l’Ouzbékistan, destiné à renforcer l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau de distribution électrique et à améliorer la fiabilité de l’alimentation dans des régions prioritaires telles que le Karakalpakstan et la région de Sourkhan-Daria. Ce financement est accompagné de $50mn de cofinancement par la société publique Regional Electric Power Networks (REPN), portant l’investissement total à $150mn.
Un réseau en surcharge et en fin de cycle
Selon la Banque mondiale, le réseau de distribution ouzbek présente d’importantes inefficacités, avec des pertes techniques estimées à 13 % en 2024. Plus de la moitié des infrastructures ont dépassé leur durée de vie opérationnelle, certaines étant en service depuis plus de 30 ans. Le programme vise à moderniser 6 000 km de lignes basse tension, installer ou remplacer 1 200 transformateurs d’une capacité totale de 250 MVA, et connecter 150 000 compteurs intelligents pour réduire les pertes commerciales.
Le programme, mis en œuvre jusqu’en 2030, prévoit également l’installation de 4 000 concentrateurs pour préparer l’automatisation et la numérisation du réseau. Ces améliorations sont nécessaires pour accueillir les volumes croissants d’électricité renouvelable, produits notamment par des petites et moyennes entreprises et des foyers.
Former la main-d’œuvre pour soutenir la transition
Parallèlement à la modernisation technique, l’Ouzbékistan s’efforce de renforcer ses capacités humaines. Plusieurs universités comme la Tashkent State Technical University et Kimyo International University développent des programmes d’ingénierie axés sur les énergies renouvelables. Des centres de formation professionnelle soutiennent également la reconversion de techniciens issus du secteur fossile vers les métiers liés à l’énergie solaire, éolienne ou au raccordement au réseau.
Le besoin en main-d’œuvre qualifiée est renforcé par l’essor des projets en cours. En avril 2025, l’Ouzbékistan a annoncé plusieurs installations majeures : une centrale éolienne de 1 000 MW en Karakalpakstan, une centrale solaire de 500 MW à Jizzakh, ainsi que près de 3 000 micro-centrales hydroélectriques à construire d’ici fin 2026.
Un marché de l’emploi en tension
Avec seulement 41 % des diplômés de l’enseignement supérieur ayant trouvé un emploi dans les deux mois suivant leur sortie en 2024, le secteur énergétique représente un levier important pour absorber cette main-d’œuvre. Selon les prévisions, le nouveau programme soutenu par la Banque mondiale permettra d’intégrer jusqu’à 50 MW d’énergie renouvelable produite localement et contribuera à réduire les émissions de CO₂ de 450 000 tonnes par an d’ici 2029.
Des efforts sont également prévus pour renforcer la viabilité financière de REPN, dont les pertes commerciales et impayés exercent une pression importante sur le budget de l’État. Le programme inclut des réformes de gouvernance, de gestion financière et de planification des infrastructures de distribution.
Objectifs de performance et inclusion sociale
La Banque mondiale prévoit un taux de satisfaction client de 90 % avec les services de REPN à l’horizon 2029. En outre, la proportion de femmes occupant des postes techniques et managériaux au sein de l’entreprise devrait passer de 9 % en 2025 à 14 %, grâce à des mesures ciblées de formation et de recrutement.
Ces initiatives s’ajoutent aux actions entreprises dans le pays pour inclure davantage de femmes dans le secteur énergétique. Lors du forum Women’s Power en mars 2025, ACWA Power Uzbekistan a annoncé que 26 % des étudiants de son collège partenaire Shirin Energy étaient des femmes, et que 20 % de ses postes de direction étaient déjà occupés par du personnel féminin.