L’Oural kazakh trouve un écho favorable auprès des raffineurs européens en Méditerranée. Rebaptisé KEBCO en juin pour se distinguer de son homologue russe sous sanctions, il se négocie à des primes élevées.
L’Oural kazakh rebaptisé
Entre le brut Oural kazakh et le brut Oural russe, il n’existait aucune distinction avant le début du conflit russo-ukrainien. De fait, les deux bruts possédaient l’appellation Oural. Toutefois, le brut Oural devenait de plus en plus difficile à vendre en Europe en raison des sanctions.
En réaction, le Kazakhstan, le 7 juin, annonçait un changement de nom pour le brut qu’il exporte. Le réseau russe Transneft exportera, dorénavant, l’Oural kazakh sous le nom de Kazakhstan Export Blend Crude Oil (KEBCO). Ainsi, le changement de nom intervient dans un contexte de sanctions visant les exportations russes à destination de l’Europe.
Le poids des sanctions
Le 3 juin, l’Union européenne adopte le sixième train de mesures sanctionnant les exportations de pétrole russe vers l’Europe. Bruxelles interdit les exportations maritimes de brut russe à destination de l’Europe à partir du 5 décembre. Cependant, l’Union européenne prévoit une exception si le pétrole chargé en Russie provient d’un pays tiers.
L’Oural kazakh provient du gisement terrestre d’Uzen, près de la mer Caspienne. Ainsi, le Kazakhstan exporte cette production via l’oléoduc Uzen-Atyrau-Samara. Enfin, à Samara, l’Oural kazakh rejoint le réseau Transneft et se mélange alors au brut russe.
Des volumes modestes
La majorité du brut se dirige vers le sud, à destination du port de Novorosiisk, sur la mer Noire. Le reste s’exporte vers le nord, à destination du port d’Oust-Luga ouvrant sur le golfe de Finlande et la Baltique. Toutefois, les volumes totaux pour l’Oural kazakh sont modestes, s’élevant à environ 200.000 b/j.
L’Oural kazakh contraste avec le brut d’exportation phare du Kazakhstan, le CPC Blend, disposant d’une qualité non corrosive relativement légère. Chargé à Novorosiisk, approximativement 1,5 million de b/j de CPC Blend transitent par un oléoduc dédié depuis la mer Caspienne. Cependant, ce volume, qui comprend une partie russe, continue de se négocier librement comme s’il provenait d’un pays tiers.
Des volumes destinés vers l’Europe
L’Oural kazakh représente approximativement 13% des exportations de l’Oural chaque mois. L’entreprise publique KazMunaiGaz (KMG) se voit attribuer une part proportionnelle du programme de chargement total de l’Oural. En outre, seules Vitol et KMG vendent le KEBCO, ce qui en fait un marché relativement restreint et nouveau.
Les programmes de chargement de l’Oural ne font l’objet d’aucune publication depuis le mois de juin. Cependant, les données de Kpler révèlent un schéma d’exportation alimentant en KEBCO principalement l’Europe au détriment de l’Asie. Ainsi, au cours des trois derniers mois, environ 90% des cargaisons d’Oural kazakh s’exportaient vers les raffineries européennes.
KMG alimente l’Europe en brut
En juin, six cargaisons, représentant 156.000 b/j d’Oural kazakh, s’exportaient vers l’Europe, à l’exception d’une cargaison. En juillet, 256.000 b/j de KEBCO s’exportaient et l’ensemble des cargaisons, sauf deux, partaient pour l’Europe. Enfin, en août, sept cargaisons, représentant 174.000 b/j de KEBCO, partaient pour l’Europe.
En revanche, lors des trois mois de mars à juin, approximativement un tiers des cargaisons de KMG s’exportait vers l’Europe. Effectivement, la majorité alimentait la Chine, l’Inde, la Turquie et les Émirats arabes unis. Toutefois, ces cargaisons renfermaient de l’Oural russe en raison de l’absence de distinction sur le marché.
De nouveaux acheteurs
Les neuf cargaisons d’Oural de KMG à destination de l’Europe, entre mars et mai, alimentaient la raffinerie roumaine Petromidia. Ainsi, Petromidia, appartenant à KMG, et la raffinerie italienne Milazzo recevaient le plus grand nombre de cargaisons d’Oural kazakh. En outre, les raffineries, italienne Falconara et espagnole Petronor, achètent également des cargaisons depuis juin.
Les nouveaux acteurs méditerranéens sur le marché KEBCO témoignent du changement d’attitude à l’égard de l’Oural kazakh. En effet, les acheteurs européens délaissaient, auparavant, le brut provenant du Kazakhstan. Néanmoins, certains négociants l’estiment onéreux, car il s’établit au même prix qu’une cargaison russe avant le conflit russo-ukrainien.
Une reconfiguration du marché
La disparition de l’Oural au sein des raffineries européennes conduisait les acheteurs à se procurer des qualités plus douces. Ainsi, les marges s’envolaient pour les distillats. Toutefois, les marges érodées, la baisse de la demande et les prix élevés poussaient les raffineurs méditerranéens vers d’autres options.
Actuellement, les anciens importateurs asiatiques d’Oural se détournent de cette qualité. En effet, la demande diminue et les coûts liés au fret augmentent. Ainsi, dans ce contexte, les possibilités de négociations pour cette qualité s’amenuisent.