La République d’Ouganda cherche à renforcer la capacité d’investissement de sa société nationale du pétrole, Uganda National Oil Company (UNOC), en sollicitant un emprunt de $2 milliards auprès de la société Vitol Bahrain E.C. Cette initiative vise à pallier le durcissement des conditions de financement extérieur qui affecte actuellement de nombreux pays africains. Le ministre d’État aux Finances, Henry Musasizi, a présenté la demande au Parlement, soulignant la nécessité d’un appui budgétaire alternatif pour mener à bien les projets de la filière pétrolière nationale.
Un schéma structuré autour de la future rente pétrolière
Le prêt serait accordé pour une durée de 84 mois, dont une période de grâce de deux ans. UNOC serait l’emprunteur officiel, bien que l’État assure sa capitalisation et structure le remboursement à travers les futures recettes pétrolières. Un mécanisme de comptes dédiés permettrait de sécuriser les flux financiers nécessaires au service de la dette, en cas de baisse des revenus ou de retard dans les opérations.
Le financement se divise en deux composantes : $1,2 milliard seront alloués aux projets de développement d’UNOC, et le reste servira à financer des infrastructures routières critiques pour la logistique pétrolière. Les investissements pétroliers concernent notamment le terminal de stockage de Kampala, l’extension de celui de Jinja, des capacités portuaires à Mombasa, ainsi que le pipeline entre Eldoret et Kampala. Une partie des fonds couvrira également la première phase de construction de la raffinerie nationale.
Un environnement de financement international plus contraint
L’exécutif ougandais justifie ce montage par la raréfaction des prêts concessionnels et la prudence accrue des investisseurs sur les marchés internationaux. La transition énergétique mondiale a également limité l’intérêt pour les projets pétroliers, en particulier en Afrique. L’expérience récente du projet d’oléoduc East African Crude Oil Pipeline (EACOP) a illustré ces difficultés de mobilisation de capitaux.
Pour renforcer la viabilité du montage, le gouvernement mise sur le partenariat existant avec Vitol, qui fournit depuis juillet 2024 l’ensemble des produits pétroliers du pays à travers UNOC. Ce modèle a permis de stabiliser le marché intérieur, tout en assurant une certaine visibilité financière. À terme, les projections officielles estiment que les projets financés pourraient générer jusqu’à $5,6 milliards de revenus cumulés pour UNOC.
Des risques transférés sur la production à venir
L’utilisation de recettes futures pour garantir le remboursement introduit cependant un niveau élevé de dépendance à la performance des actifs pétroliers. Toute variation sur les prix du brut, les volumes produits ou les calendriers de livraison pourrait affecter la capacité de remboursement. Le succès de l’opération reposera donc sur l’exécution rigoureuse des projets et la capacité de l’entreprise à développer des flux commerciaux pérennes.
Le mécanisme des comptes dédiés introduit une discipline budgétaire, mais réduit la flexibilité du gouvernement en matière d’allocation de ses futures recettes. Cette stratégie marque néanmoins un tournant dans la manière dont Kampala cherche à financer ses infrastructures énergétiques, en misant sur les partenariats commerciaux existants et sur l’intégration régionale du marché pétrolier.