La ministre ougandaise de l’Energie a qualifié mardi de “déplacée” une résolution du Parlement européen contre un mégaprojet d’exploitation pétrolière prévu avec le groupe français TotalEnergies,
l’institution européenne épinglant des “violations des droits de l’Homme” envers des opposants.
TotalEnergies a annoncé en février un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie et le géant pétrolier chinois CNOOC pour un mégaprojet pétrolier comprenant notamment la construction d’un oléoduc de plus de 1.400 kilomètres reliant les gisements du lac Albert, dans
l’ouest de l’Ouganda, à la côté tanzanienne.
Dans une résolution non contraignante, le Parlement européen s’est dit “extrêmement préoccupé par les violations des droits de l’Homme” commises dans ces deux pays, citant “arrestations, actes d’intimidation et harcèlement judiciaire contre les défenseurs des droits humains et les organisations non gouvernementales”.
L’intervention du Parlement européen est “déplacée”, a déclaré à l’AFP Ruth Nankabirwa, la ministre ougandaise de l’Energie, en marge du Green Energy Africa Summit au Cap, en Afrique du Sud, affirmant que les autorités de Kampala ont été prises “par surprise”.
“Nous sommes tous des partenaires dans la lutte contre le changement climatique. Si nous ne nous considérons pas comme des partenaires, nous n’allons pas gagner cette guerre”, a ajouté Mme Nankabirwa.
Le 16 septembre, le président ougandais Yoweri Museveni avait indiqué que le projet “se poursuivra comme stipulé dans le contrat que nous avons avec TotalEnergies et CNOOC”.
L’Afrique est le continent qui émet le moins de gaz à effet de serre, avec seulement 3% des émissions mondiales.
Sous les eaux et sur les rives du lac Albert, barrière naturelle de 160 km séparant l’Ouganda de la République démocratique du Congo, reposent l’équivalent de 6,5 milliards de barils de brut, dont environ 1,4 milliard récupérables dans l’état actuel des découvertes.
Les réserves de l’Ouganda peuvent durer entre 25 et 30 ans avec un pic de production estimé à 230.000 barils par jour.
Le président Museveni, qui dirige l’Ouganda d’une main de fer depuis 1986, a loué par le passé ce projet, citant notamment les retombées économiques pour ce pays enclavé où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté.