Après l’annonce de l’embargo européen sur le pétrole russe, l’OPEP+ a décidé d’accélérer l’augmentation de sa production cet été. Les quotas du groupe augmenteront de 648 000 b/j en juillet. Cela représente une hausse d’environ 50% par rapport aux 432 000 b/j mensuels supplémentaires initialement prévus.
L’OPEP+ change significativement sa politique de production
Ce changement va permettre une détente sur le marché du pétrole, actuellement sous pression. De fait, selon Platts Analytics, les sanctions contre la Russie devraient bloquer 2 millions b/j de production d’ici fin 2022.
Les ministres de l’OPEP+ se réuniront le 30 juin pour suivre l’accord et réévaluer les conditions du marché. Seuls les quotas de juillet ont été dévoilés, laissant la possibilité de négocier les prochaines augmentations.
Grâce à cette décision, les réductions de production de l’OPEP+, implémentées durant la pandémie, seront complètement supprimées d’ici août. Cette suppression était initialement attendue pour le mois de septembre.
Quel avenir pour la Russie au sein de l’OPEP+ ?
C’était crucial : la Russie a approuvé la nouvelle politique de l’OPEP. Cela permet au groupe de conserver son important partenaire tout en offrant un rameau d’olivier aux Etats-Unis. Ces derniers désiraient cette solution afin d’apaiser la flambée des prix du pétrole.
Néanmoins, les spéculations autour d’une modification des accords de l’OPEP+ et de l’avenir de la Russie vont bon train. L’accord OPEP+ actuel s’achève à la fin de l’année, après quoi le pacte de gestion du marché peut changer. La question demeure de savoir ce que la Russie acceptera, et si une exemption de son quota est prévue.
« Ils arrivent sans aucun doute à un point d’inflexion puisque l’accord de production se termine en septembre et qu’un nouveau secrétaire général commencera en juillet » – Joe McMonigle, secrétaire général du Forum international de l’énergie.
L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis assoient leur position
Cependant, la majorité des pays de l’OPEP+ seront incapables de remplir les nouveaux quotas. Ils sont contraints par leurs propres manques d’investissements et instabilités internes. Le champ est donc libre pour l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui pourraient tirer profit de leur capacité de réserve.
L’Arabie saoudite dispose d’environ 820 000 b/j de production supplémentaire, et les Émirats arabes unis de 800 000 b/j environ. Ces réserves sont capitales pour l’OPEP+, car le groupe n’a pas atteint ses objectifs ces derniers mois. Ainsi, en avril, il a produit 2,6 millions de b/j de moins que ses objectifs.
La diplomatie entre américains et saoudiens aurait fait pencher la balance
L’OPEP+ se refusait à cette politique et maintenait qu’il n’y avait pas de pénurie de pétrole brut sur le marché. Une intensification de la diplomatie entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite dans les dernières semaines pourrait avoir changé la donne. Selon la secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Joe Biden était sous une pression politique due aux coûts de l’essence. Les Etats-Unis ont ainsi pris grand soin de saluer le rôle de l’Arabie saoudite.
« Nous reconnaissons le rôle de l’Arabie saoudite […] dans la réalisation de ce consensus entre les membres du groupe. Nous reconnaissons également les efforts et les contributions positives des Émirats arabes unis, du Koweït et de l’Irak. » – Tweet de Karine Jean-Pierre, secrétaire de presse de la Maison Blanche.
De nombreuses zones d’incertitude planent toujours sur l’avenir du marché pétrolier
Selon les délégués de l’OPEP+, l’interdiction par l’UE des importations maritimes de pétrole russe était une priorité du groupe. La production de brut russe a chuté de 900 000 b/j en avril, bien que la demande indienne ait maintenu les volumes expédiés relativement élevés. L’incertitude demeure néanmoins quant à la capacité d’absorption indienne puis chinoise avec l’assouplissement des mesures Covid-19.
« Nous devons surveiller l’effet réel de cette interdiction, compte tenu du détournement des flux de pétrole russe vers d’autres destinations » a déclaré un délégué.