L’OPEP abaisse ses prévisions quant à la demande mondiale de pétrole pour 2022 de 480 000 b/j. Elle l’explique par une baisse de la croissance économique et la reprise de la COVID-19 en Chine.
Une demande moins importante selon l’OPEP
L’OPEP s’attend désormais à ce que la demande mondiale de pétrole atteigne une moyenne de 100,5 millions de b/j en 2022. Cela représente une croissance de 3,67 millions de barils en glissement annuel. Ce chiffre est inférieur à la croissance de 4,15 millions de b/j prévue le mois dernier pour 2022. En 2021, la demande avait augmenté de 5,7 millions de b/j en glissement annuel.
L’OPEP déclare :
« Alors que la pandémie de COVID-19 a été le sujet dominant de l’économie mondiale au cours des deux dernières années, l’issue des derniers événements en Europe de l’Est en combinaison avec la pandémie de COVID-19 semble redéfinir considérablement les développements économiques mondiaux. À court terme, l’impact sur la croissance économique mondiale sera négatif »
Ainsi, la demande de brut s’établit, en moyenne, à 28,25 millions b/j au premier trimestre 2022. C’est inférieur aux 28,37 millions de b/j produits par l’alliance. Le marché a ainsi été déficitaire pour chaque trimestre de l’année dernière. Toutefois, l’OPEP s’attend à ce que la demande rebondisse au troisième trimestre de 2022. Elle atteindrait 30 millions b/j au quatrième trimestre de 2022 selon les prévisions de l’alliance.
Des volumes suffisants pour satisfaire la demande mondiale
L’OPEP augmente sa production, de concert avec la Russie et huit autres alliés, d’environ 400 000 b/j chaque mois. Ainsi, les volumes pourraient être largement suffisants pour satisfaire la demande mondiale. De plus, rappelons que les États-Unis, le Japon et d’autres membres de l’Agence internationale de l’énergie libèrent des réserves stratégiques pour lutter contre les prix élevés de l’énergie.
En réalité, la coalition s’attend à ce que le marché pétrolier soit excédentaire à chaque trimestre de 2022. Elle estime l’offre excédentaire à 1,3 million de b/j sur l’ensemble de l’année.
L’alliance OPEP+, qui contrôle près de la moitié de l’offre mondiale de pétrole, est donc progressivement revenue sur les réductions de production record qu’elle avait instaurées. Elle affirme vouloir équilibrer l’offre et la demande, comme elle l’indique dans un rapport :
« L’OPEP et ses alliés continuent de réaffirmer leur engagement inébranlable à soutenir la stabilité du marché pétrolier en assurant une offre adéquate de pétrole brut sur le marché mondial ».
Quel impact sur les prix du brut ?
Les contrats à terme sur le pétrole brut se sont établis au-dessus du niveau de 100 $/b. Dans un même temps, le marché s’interroge sur les risques d’approvisionnement et une probable reprise de la demande en Chine. De plus, un embargo total du pétrole russe par l’Union européenne pourrait déséquilibrer le marché.
Le secrétaire général de l’OPEP, Mohammed Barkindo, a averti les représentants de l’UE que le groupe de producteurs serait incapable de compenser la perte de barils russes. Cette perte est estimée à 7 millions de b/j. Ed Moya, analyste chez OANDA, nous confie sa vision du marché :
« Le pétrole à 100 $ est de retour et il va probablement rester. La correction du brut a pris fin maintenant que le marché a en grande partie intégré le plan stratégique de libération du pétrole, que la Chine commence à lever certains de ses blocages et que les négociations entre la Russie et l’Ukraine semblent être dans une impasse. Le marché de l’énergie devrait rester très tendu à partir de l’été et si les risques géopolitiques restent élevés, le pétrole à 100 dollars devrait facilement se maintenir. »
Ainsi, en dépit des déclarations de l’OPEP concernant le caractère excédentaire du marché et des engagements de l’AIE, le marché pourrait se resserrer. Un embargo du pétrole russe pourrait avoir un impact très négatif sur les prix du brut.