L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a légèrement réduit ses prévisions concernant la quantité de brut que ses membres et alliés (OPEP+) devront produire en 2025 et 2026, tout en maintenant inchangée sa projection de croissance annuelle de la demande mondiale. Le volume requis pour équilibrer le marché, appelé communément « appel à l’OPEP+ », a été abaissé d’environ 200 000 barils par jour (b/j) pour l’année 2025 et de près de 300 000 b/j pour 2026, par rapport aux estimations précédentes. Malgré cette révision à la baisse, le groupe s’attend toujours à une demande supérieure d’environ un million de b/j aux niveaux actuels d’ici deux ans, soulignant ainsi l’opportunité de relèvement progressif de la production. L’organisation estime que l’OPEP+ représentera près de la moitié des approvisionnements mondiaux en liquides en 2026.
Hausse de production significative en juin
En juin dernier, la production globale de l’OPEP+ a connu une hausse importante de 349 000 b/j, atteignant un total d’environ 41,5 millions de b/j, principalement sous l’impulsion de l’Arabie saoudite, chef de file du groupe. Cette augmentation significative est en partie due à une stratégie récente visant à récupérer des parts de marché après plusieurs mois de restrictions volontaires. L’Arabie saoudite a ainsi relevé sa production à environ 9,7 millions de b/j, le niveau le plus élevé enregistré depuis près de deux ans. Par ailleurs, les données publiées par le royaume distinguent clairement la production totale de pétrole brut des volumes effectivement livrés au marché, ces derniers étant légèrement inférieurs à la production globale en raison des ajustements de stockage.
Les décisions d’ajustement de production par l’OPEP+ interviennent dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes, notamment liées aux récents affrontements au Moyen-Orient, en particulier entre Israël et l’Iran. Cette situation a engendré une nervosité sur les marchés pétroliers internationaux, avec un accent particulier porté sur la sécurité de transit dans le détroit d’Ormuz. Cette voie maritime demeure essentielle à l’approvisionnement pétrolier mondial, expliquant les efforts récents de certains producteurs pour diversifier les itinéraires d’exportation et renforcer les infrastructures alternatives.
Stocks mondiaux bas et forte demande immédiate
En parallèle, les stocks mondiaux de pétrole brut, notamment ceux des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), se situent à des niveaux particulièrement faibles. En mai dernier, les inventaires commerciaux de pétrole brut et de produits pétroliers de l’OCDE ont baissé de 34,5 millions de barils, soit environ 128 millions de barils sous leur moyenne historique sur cinq ans. Ce déficit, conjugué à une situation durable de backwardation sur le marché du brut, reflète une forte demande à court terme. Ce phénomène technique, où les prix à court terme sont supérieurs aux prix à terme, indique généralement des anticipations de demande élevée.
Les perspectives économiques globales semblent confirmer cette dynamique. Plusieurs économies majeures, notamment la Chine, l’Inde et le Brésil, enregistrent actuellement une croissance supérieure aux prévisions initiales. Parallèlement, les États-Unis et la zone euro continuent de se remettre d’une période de ralentissement observée l’année précédente. Ces éléments macroéconomiques positifs suggèrent une possible révision à la hausse de la croissance mondiale pour la seconde moitié de 2025, contribuant ainsi à renforcer les anticipations d’une demande pétrolière robuste.
Risques potentiels d’excès d’offre fin 2025
Malgré ces fondamentaux positifs à court terme, certains analystes alertent sur les risques potentiels d’un excédent d’offre d’ici la fin de l’année 2025. Cette possibilité découle notamment de la fin des tendances saisonnières favorables à la consommation et de l’accélération récente de la production de plusieurs membres majeurs de l’OPEP+, dont la Russie et l’Arabie saoudite. L’alliance prévoit déjà d’augmenter ses quotas de production de manière significative dès le mois d’août prochain, avec une hausse cumulée de près de 550 000 b/j annoncée récemment. Toutefois, certains membres importants du cartel, notamment l’Irak, restent contraints dans leur capacité à augmenter leur production en raison d’accords antérieurs visant à compenser des dépassements de quotas passés.
Ces éléments combinés pourraient influencer l’évolution des prix du pétrole au cours des prochains mois. Ils amènent les acteurs du marché à surveiller étroitement les futures décisions de production de l’OPEP+, les variations de stocks mondiaux et l’évolution des indicateurs économiques majeurs. La dynamique entre ces différents facteurs déterminera probablement les équilibres à moyen terme sur le marché pétrolier mondial.