L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole et ses alliés, regroupés sous l’appellation OPEP+, ont annoncé une augmentation progressive du quota de production pétrolière de l’Irak. Cette décision, prise après concertation avec les pays membres dont l’Arabie Saoudite, la Russie, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie et Oman, prévoit une hausse initiale modérée de 12 000 barils par jour (bpj) à partir du mois d’avril 2025. En mai, une seconde augmentation de 12 000 bpj portera la production irakienne totale à 4,024 millions bpj, avant d’atteindre progressivement 4,11 millions bpj en janvier 2026. La production sera même relevée à plus de 4,22 millions bpj entre septembre et décembre 2026, marquant une étape clé pour l’industrie pétrolière irakienne.
Stratégie coordonnée d’équilibre du marché
Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large mise en œuvre par l’OPEP+ depuis avril 2023, date à laquelle le groupe avait décidé de réduire volontairement sa production globale de 1,65 million de bpj afin de stabiliser les marchés mondiaux. Une nouvelle coupe supplémentaire de 2,2 millions de bpj décidée en novembre 2023 prendra fin fin mars 2025. À compter d’avril, l’OPEP+ commencera à libérer progressivement ces volumes retenus, y compris ceux de l’Irak, deuxième producteur de l’organisation après l’Arabie Saoudite.
L’augmentation graduelle du quota irakien intervient alors que le pays cherche à compenser certaines périodes antérieures de dépassement de quotas. En parallèle, Bagdad a annoncé une baisse de ses prix de vente officiels (OSP) pour le brut destiné aux marchés asiatiques et européens à partir d’avril, signe d’une anticipation d’un ajustement de l’offre mondiale.
Réouverture stratégique du pipeline Irak-Turquie
Un élément central influençant le marché pétrolier régional demeure la réouverture prévue du pipeline reliant l’Irak à la Turquie, fermé depuis mars 2023 à la suite d’un arbitrage international imposant à Ankara une compensation financière envers Bagdad pour des exportations non autorisées entre 2014 et 2018. Avant son arrêt, ce pipeline transportait environ 450 000 bpj, et devrait reprendre ses activités prochainement avec une capacité initiale estimée à 185 000 bpj de brut provenant de la région autonome du Kurdistan.
La réouverture imminente de ce pipeline, encouragée par des pressions diplomatiques américaines, s’inscrit dans un contexte plus large de négociations entre le gouvernement fédéral irakien et les autorités kurdes. Selon Robin Mills, PDG de Qamar Energy, ce retour à l’activité pourrait temporairement affecter les prix du pétrole, mais les contraintes fixées par l’OPEP+ devraient limiter l’impact durable sur les marchés.
Enjeux économiques et diplomatiques
Cette hausse maîtrisée des volumes irakiens constitue une opportunité majeure pour l’économie du pays, fortement dépendante des revenus pétroliers. L’augmentation progressive de la production, en conformité avec les directives de l’OPEP+, permettra à l’Irak de générer davantage de revenus tout en évitant une perturbation excessive du marché international. Le pays continue ainsi de se positionner comme un acteur stratégique dans les équilibres énergétiques mondiaux, particulièrement en période de volatilité accrue sur les marchés pétroliers.
Par ailleurs, l’Irak doit également naviguer dans un environnement diplomatique complexe, notamment face à l’Iran et aux États-Unis, avec la réouverture du pipeline servant également d’instrument politique visant à réduire l’influence iranienne dans la région. Cette situation incite Bagdad à gérer prudemment ses relations internationales tout en garantissant sa stabilité économique interne.