L’OPEC+ maintient sa décision d’augmenter la production de pétrole dès octobre 2024, conformément à son plan annoncé en juin, malgré une baisse des prix sur les marchés mondiaux. Le Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre termine à 78,80 dollars le baril, en baisse de 1,42 %, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain perd 3,11 % pour clôturer à 73,55 dollars le baril. Cette baisse intervient alors que les acteurs du marché avaient espéré une réduction de l’offre par l’OPEC+ pour compenser la faiblesse de la demande mondiale et soutenir les prix.
L’accord OPEC+ prévoit une augmentation progressive de 180 000 barils par jour chaque mois, s’étalant d’octobre 2024 à septembre 2025. Cette augmentation se fait par la levée des réductions de production volontaires adoptées par plusieurs membres du groupe pour stabiliser le marché. Cependant, la conjoncture économique mondiale, particulièrement en Chine où les perspectives de croissance demeurent incertaines, soulève des doutes sur la capacité de la demande à absorber cette production accrue.
Réactions des Marchés et Ajustements des Raffineries
Les marchés réagissent négativement à la perspective d’une hausse de l’offre sans ajustement correspondant de la demande. Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, commente que cette orientation est perçue comme « défavorable » pour le marché, suggérant une possible pression continue à la baisse sur les prix. En réponse à cette situation, plusieurs raffineries, notamment aux États-Unis, réduisent leur cadence de production. Les marges de raffinage sont actuellement sous pression en raison de la baisse de la demande et de l’abondance relative de l’offre. Le prix de l’essence aux États-Unis est inférieur de 12 % par rapport à l’année précédente, indiquant un marché intérieur affaibli.
En Europe, les raffineries adoptent des stratégies similaires. Le prix du gazole en gros a atteint son plus bas niveau en quatorze mois, poussant les raffineurs à limiter leur activité pour éviter une accumulation de stocks invendables. Cette tendance est également alimentée par la fin de la saison estivale de conduite dans l’hémisphère Nord, période généralement marquée par une baisse de la consommation de carburant. Les ajustements de production dans les raffineries ne suffisent cependant pas à contrebalancer l’impact potentiel d’une augmentation continue de l’offre de l’OPEC+ sur les prix du pétrole.
Incidences de la Crise Libyenne sur la Production Mondiale
La production pétrolière en Libye continue d’être marquée par l’instabilité. La National Oil Corporation (NOC) a annoncé que la production est tombée à 63 % des niveaux précédant le début de la crise politique, en raison de la fermeture des installations contrôlées par le gouvernement de Benghazi, non reconnu internationalement. Ce conflit interne, bien qu’affectant la production de pétrole libyen, n’a pas suffisamment pesé sur les cours mondiaux, car l’attention reste focalisée sur la politique de production de l’OPEC+ et les incertitudes concernant la demande mondiale.
Cependant, une résolution du conflit libyen pourrait rapidement augmenter l’offre disponible sur le marché, exacerbant les problèmes de surproduction et contribuant à une nouvelle baisse des prix si la demande n’augmente pas proportionnellement. Les marchés gardent donc un œil sur l’évolution de la situation en Libye, tout en se concentrant principalement sur les décisions stratégiques de l’OPEC+ et les données économiques provenant des principaux pays consommateurs de pétrole.
Stratégie de l’OPEC+ et Perspectives du Marché Pétrolier
L’OPEC+ persiste dans sa politique d’augmentation de l’offre, malgré les pressions économiques. Cette stratégie indique une volonté de préserver les parts de marché à long terme plutôt que de réagir aux fluctuations de court terme. Cependant, une telle position pourrait nécessiter des ajustements rapides si les prix continuent de baisser ou si la demande mondiale ne reprend pas de manière significative. Les facteurs externes, comme la politique énergétique des États-Unis ou les tensions géopolitiques dans d’autres régions productrices de pétrole, demeurent des éléments à surveiller pour anticiper les futurs mouvements du marché.
Les acteurs du secteur pétrolier restent vigilants quant aux prochains mouvements de l’OPEC+ et aux ajustements potentiels des politiques de production en réponse à un marché volatil. Le maintien de cette stratégie par l’OPEC+ pourrait amener à une restructuration des prévisions de production et de consommation à moyen terme, nécessitant une gestion plus agile des capacités de production et des stocks.