Les livraisons de pétrole brut en provenance de Russie à destination de la Hongrie et de la Slovaquie ont été suspendues lundi, selon les autorités hongroises et slovaques. Cette interruption fait suite à ce que Budapest a qualifié de seconde attaque en deux semaines contre le réseau de transport d’hydrocarbures Druzhba, qui reste l’une des dernières artères pétrolières russes exemptées de l’embargo européen.
Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a déclaré que l’oléoduc menant à la raffinerie de Százhalombatta, dans le centre du pays, avait été ciblé à nouveau, coupant l’approvisionnement. Il a indiqué que des techniciens russes tentaient de remettre en service une station de transformation jugée critique pour le bon fonctionnement de la ligne. Aucun calendrier de reprise n’a été communiqué à ce stade, selon des propos attribués au vice-ministre russe de l’Énergie, Pavel Sorokin.
Conséquences opérationnelles sur le réseau régional
La société slovaque Transpetrol, en charge de l’exploitation du segment national du pipeline, a confirmé l’arrêt des flux lundi, sans fournir de précisions supplémentaires sur les causes exactes de l’interruption. Le système Druzhba, conçu à l’époque soviétique, traverse l’Ukraine avant de se diviser vers plusieurs destinations en Europe centrale, incluant la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque.
Jeudi dernier, Budapest avait déjà signalé une attaque de drone ukrainien contre une station de pompage du réseau Druzhba. À l’époque, Pavel Sorokin avait évoqué une reprise possible des livraisons dès le lendemain, ce qui laisse supposer une vulnérabilité persistante du dispositif.
Cadre réglementaire et dépendances persistantes
Malgré l’embargo imposé par l’Union européenne sur la majorité des importations de pétrole russe à la suite de l’invasion de l’Ukraine en 2022, une dérogation avait été accordée aux flux terrestres transitant par l’oléoduc Druzhba, permettant à la Hongrie et à la Slovaquie de conserver cet approvisionnement. La République tchèque, autrefois bénéficiaire de cette ligne, a mis fin à sa dépendance en début d’année après son raccordement à une autre infrastructure en provenance d’Italie.
Les tensions croissantes autour de cette infrastructure soulignent la fragilité logistique de certains pays d’Europe centrale dont la diversification énergétique demeure limitée. Les enjeux de sécurité et d’approvisionnement continuent ainsi de peser sur les décisions stratégiques dans la région.