Le Liban doit donner mardi sa réponse à une proposition américaine pour régler son litige sur la frontière maritime avec Israël, qui devrait permettre aux deux pays d’aller de l’avant dans l’exploitation d’importants gisements gaziers en Méditerranée orientale.
Les dirigeants libanais se sont réunis lundi pour élaborer une réponse unifiée à la proposition des Etats-Unis et se sont dit confiants de parvenir rapidement à un accord, faisant écho à un optimisme similaire de la part de l’Etat hébreu.
Les deux pays voisins, officiellement en état de guerre, négocient depuis plus de deux ans, par l’intermédiaire des Etats-Unis, la délimitation de leur frontière maritime.
Le Liban va donner “une réponse à la dernière proposition” du médiateur américain Amos Hochstein “dans les prochaines 24 heures”, comportant certaines “remarques” et des “amendements”, a déclaré le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab, mandaté par le président Aoun pour superviser les négociations.
“Nous espérons une réponse définitive avant la fin de la semaine”, a-t-il ajouté, à l’issue d’une réunion avec le chef de l’Etat Michel Aoun, le président du Parlement, Nabih Berri, et le Premier ministre, Najib Mikati.
Selon un responsable libanais impliqué dans les négociations qui a requis l’anonymat, Beyrouth veut apporter des “modifications à certaines phrases (dans la proposition) afin de ne laisser place à aucun malentendu”.
Pour sa part, le Premier ministre a annoncé à la presse que l’accord était “sur la bonne voie”, assurant que la position des responsables libanais, profondément divisés sur des questions politiques, était “unifiée dans l’intérêt du Liban”.
Le chef du puissant Hezbollah pro-iranien, Hassan Nasrallah, qui avait menacé à plusieurs reprises d’attaquer Israël s’il entame l’extraction du gaz avant un accord sur la zone contestée, avait estimé samedi que “les jours à venir seraient cruciaux”, laissant entendre un règlement imminent.
– “Aucun partenariat “-
Les responsables libanais n’ont pas révélé les détails de la proposition américaine ni la teneur de leurs remarques. Un accord ouvrirait la voie à l’exploitation d’hydrocarbures, qui donnerait une lueur d’espoir au pays en proie à une effroyable crise économique.
Les négociations entre le Liban et Israël avaient été suspendues en mai 2021 à la suite de différends concernant la surface de la zone contestée.
Elles portaient initialement sur une zone de 860 km2, conformément aux revendications libanaises enregistrées auprès de l’ONU en 2011.
Mais le Liban a ensuite dit vouloir réclamer un droit supplémentaire sur 1.430 km2, englobant une partie du champ gazier de Karish, qui se trouve selon Israël dans sa zone économique exclusive (ZEE) reconnue par l’ONU.
Les discussions ont repris cet été à la demande du Liban, qui est revenu sur cette demande maximaliste, des tensions ayant surgi avec l’arrivée d’un navire sur le champ de Karish afin de commencer l’exploitation de gaz pour le compte d’Israël.
Dans un tweet lundi, le Premier ministre israélien Yaïr Lapid, qui avait salué la proposition américaine la veille, a déclaré qu’”Israël obtient 100% de ses besoins sécuritaires et même une partie des bénéfices du réservoir libanais” de Qana.
Mais Elias Bou Saab a assuré que “le Liban obtient en vertu de cet accord tous ses droits sur le champ gazier de Qana”.
Le chef de l’Etat libanais Michel Aoun a assuré de son côté dans un tweet qu’il “n’y aura aucun partenariat avec la partie israélienne”.
Si les deux pays parviennent à un accord, ils ne signeront pas de traité, puisqu’ils sont techniquement en état de guerre, a souligné M. Bou Saab.
Un mécanisme sera mis en place pour enregistrer la démarcation de la frontière auprès de l’ONU.
Les autorités israéliennes ont indiqué vouloir lancer dès que possible la production de gaz à Karish, gisement offshore exploité par le groupe britannique Energean.
Israël compte sur l’entrée en production de ce gisement afin de doper les livraisons de gaz israélien à l’Europe qui cherche à diversifier ses approvisionnements.