Dans une installation industrielle de cinq étages située à Vandoeuvre-lès-Nancy, des chercheurs et ingénieurs de l’Université de Lorraine et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) testent les capacités d’extraction du lithium à partir de roches européennes. Cette structure, baptisée Station expérimentale de valorisation des matières premières et des substances résiduaires (Steval), combine équipements lourds et expertise académique pour répondre aux besoins croissants de l’industrie minière française.
Un site unique pour la valorisation des minerais
L’installation utilise un procédé par gravité permettant la séparation progressive des composants minéraux. Les roches, une fois concassées, libèrent des concentrés contenant notamment du lithium, du tantale, de l’étain ou encore du feldspath. La poudre finale extraite alimente des tests de faisabilité économique, condition essentielle avant toute décision industrielle. Ce modèle semi-industriel, présenté comme unique en Europe par les chercheurs, permet une simulation fidèle à l’échelle des futurs besoins industriels.
Partenariat stratégique avec Imerys
Les essais menés à Steval s’inscrivent dans une coopération directe avec Imerys, groupe français spécialisé dans les minéraux industriels, qui projette l’ouverture en 2028 d’une mine de lithium sur son site d’Échassières, dans l’Allier. Ce site, actuellement dédié à l’exploitation du kaolin, pourrait à terme fournir l’équivalent de batteries pour 700 000 véhicules électriques chaque année. D’après Imerys, une décision sur le lancement d’une usine pilote dans la région pourrait intervenir avant l’été.
Objectifs industriels et perspectives européennes
Le procédé de valorisation mis au point à Nancy est testé actuellement à raison de 200 à 300 kilos de roche par heure, avec un minerai issu directement du site d’Échassières. Ces essais de grande ampleur permettent de consolider le développement d’une chaîne d’approvisionnement européenne. Le responsable scientifique Yann Foucaud, maître de conférences en génie minéral, insiste sur l’importance de déterminer la viabilité technique et économique du processus avant toute industrialisation.
Une réponse locale à la dépendance importatrice
À l’heure où la France importe la totalité de son lithium, les travaux en cours sont perçus par les acteurs du projet comme un levier vers une autonomie partielle. Selon Lev Filippov, professeur à l’École nationale supérieure de géologie de Nancy, le travail de longue haleine sur le minerai de Beauvoir vise à accompagner la mise en place d’une filière européenne du lithium, aujourd’hui inexistante à grande échelle.