Litasco est la branche commerciale de la deuxième compagnie pétrolière russe Lukoil. En somme, elle envisage de déplacer son siège commercial de Genève, en Suisse, à Dubaï, dans les Émirats arabes unis. Ceci alors qu’une plus grande partie du pétrole de Moscou s’écoule vers l’est en réponse aux sanctions occidentales. C’est ce qu’ont déclaré plusieurs sources industrielles.
Litasco souhaite se diriger vers le Moyen-Orient en réponse aux sanctions occidentales
L’entreprise n’est pas soumise aux sanctions commerciales occidentales ou à d’autres mesures prises à l’encontre de Moscou en réponse à l’invasion de l’Ukraine. Néanmoins, la société a vu ses activités européennes diminuer. En outre, de nombreux acheteurs et raffineurs de la région ont fortement réduit leur dépendance au pétrole russe.
Avant l’invasion russe de l’Ukraine, Litasco négociait environ 3 millions de b/j de pétrole brut et de produits raffinés. Cela comprenait du pétrole d’origine russe et non russe. Désormais, l’entreprise envisage de déménager à Dubaï.
Selon les sources de S&P Global, de nombreux employés de Litasco à Genève ont récemment été sollicités. On leur a demandé s’ils étaient prêts à déménager à Dubaï. La société se refuse de livrer un commentaire.
Toutefois, Litasco a déjà un bureau à Dubaï. Il est le principal centre de matières premières de la région. Les mesures financières prisent à l’encontre des banques russes contraignent de nombreux raffineurs et maisons de commerce à réévaluer leurs activités avec les compagnies pétrolières russes. Ainsi, certains optent déjà pour d’autres sources d’approvisionnement en pétrole.
Les flux commerciaux du pétrole russe changent
Comme nous avons pu le voir, la décision de Litasco intervient dans un contexte de métamorphose du commerce du pétrole russe. L’Europe est particulièrement dépendante du pétrole russe. Elle importait environ 2,7 millions de b/j de brut et 1,5 million de b/j de produits, principalement du diesel, avant l’invasion de l’Ukraine. Désormais, l’UE sanctionne la quasi-totalité des importations de pétrole russe.
Par exemple, les raffineurs chinois ont repris goût au brut ESPO russe. Tandis que les grands raffineurs indiens ont récemment acheté une quantité significative d’Oural. Par conséquent, le Moyen-Orient apparaît comme une nouvelle plaque tournante pour le pétrole russe.
Par ailleurs, un nouveau groupe de petits négociants commence à acheter et à vendre du pétrole russe. Beaucoup sont basés au Moyen-Orient. En outre, le brut et les produits russes perdent de plus en plus la faveur des marchés européens.
Des poids lourds comme Vitol, Gunvor et Trafigura ont déjà réduit leurs échanges avec les principaux producteurs de pétrole russes au cours des dernières semaines. Ils ouvrent ainsi la voie à une poignée d’acteurs relativement nouveaux. Litasco tente alors de suivre le mouvement favorable au pétrole russe en se relocalisant.
En raison de la perte de clients européens, l’Urals continue de se négocier à des prix très inférieurs à ceux des autres bruts au cours des derniers mois. Selon les données de S&P Global, Platts a évalué l’Urals à 87,45 $/b et le Brent daté à 125,795 $/b le 7 juin. L’Urals était évalué à 90,72 $/b et le Brent daté à 100,48 $/b le 23 février, la veille de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.