Le gouvernement italien, sous la direction de Giorgia Meloni, envisage de réintégrer l’énergie nucléaire dans son mix énergétique. Adolfo Urso, ministre des Entreprises, a annoncé l’intention de définir un cadre législatif d’ici la fin de l’année pour permettre l’installation de réacteurs nucléaires de troisième et quatrième génération sur le territoire italien.
Cette initiative marque un tournant après près de quatre décennies depuis le référendum de novembre 1987, qui avait conduit à l’abandon de l’énergie nucléaire en Italie suite à la catastrophe de Tchernobyl. Aujourd’hui, le gouvernement actuel considère le nucléaire comme une composante essentielle pour atteindre l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050.
Cadre Législatif et Technologies Avancées
Adolfo Urso a précisé que le cadre législatif visera à permettre la construction de réacteurs nucléaires avancés, en utilisant la technologie et la science italiennes. « Nous ne voulons pas importer des réacteurs nucléaires d’autres pays. Nous voulons les construire en Italie pour les exporter ensuite », a-t-il déclaré lors d’une conférence patronale à Milan.
L’objectif est de créer une entité industrielle capable de développer et de fabriquer des réacteurs de troisième et quatrième génération. Ces réacteurs sont conçus pour être plus sûrs et plus efficaces, répondant ainsi aux normes environnementales et technologiques actuelles.
Objectifs Environnementaux et Économiques
Le gouvernement Meloni estime que le retour au nucléaire est indispensable pour atteindre la neutralité carbone. En intégrant l’énergie nucléaire aux énergies renouvelables, l’Italie peut diversifier ses sources d’énergie et réduire sa dépendance aux combustibles fossiles, notamment le gaz naturel russe.
En outre, Adolfo Urso a souligné que le coût de l’énergie en Italie est actuellement trop élevé par rapport à celui de ses concurrents européens. L’énergie nucléaire pourrait contribuer à abaisser ces coûts en fournissant une source d’énergie stable et moins coûteuse à long terme.
Contexte Européen et Stratégies de Décarbonation
À l’échelle européenne, le nucléaire bénéficie désormais d’une reconnaissance accrue en tant que technologie stratégique pour la décarbonation. En février, le Parlement européen et les États membres de l’Union européenne ont convenu d’inclure toute la filière nucléaire dans la liste des « technologies stratégiques ». Cette reconnaissance facilite les investissements et le développement de projets nucléaires au sein de l’UE.
Indépendance Énergétique et Sécurité
La rupture des relations avec la Russie après l’invasion de l’Ukraine en février 2022 a mis en lumière la nécessité pour l’Italie de diversifier ses sources d’énergie. Le recours à l’énergie nucléaire permettrait de réduire cette dépendance, renforçant ainsi la sécurité énergétique du pays.
Héritage Historique et Réactions Publiques
L’Italie possède une histoire notable dans le domaine nucléaire, notamment grâce au physicien italo-américain Enrico Fermi, prix Nobel de physique en 1938, qui a créé le premier réacteur nucléaire. Adolfo Urso a rappelé que « l’énergie nucléaire, qui a été inventée en Italie, doit redevenir la fierté du Made in Italy ».
Cependant, cette initiative rencontre des réticences. En juin 2011, trois mois après la catastrophe de Fukushima, un référendum avait affiché une opposition écrasante de 94% des Italiens au retour de l’énergie nucléaire. Le gouvernement actuel devra donc naviguer entre les ambitions politiques et les préoccupations publiques.
Perspectives et Défis
La mise en œuvre de ce projet ambitieux nécessitera des investissements substantiels, une collaboration étroite avec les institutions européennes et une communication efficace avec le public pour surmonter les réticences historiques. Le succès de cette initiative pourrait positionner l’Italie comme un leader dans le domaine de l’énergie nucléaire avancée, tout en contribuant significativement à la lutte contre le changement climatique.