L’Italie s’apprête à franchir une étape importante en matière de politique énergétique. Le ministre de l’Environnement et de la Sécurité énergétique, Gilberto Pichetto Fratin, annonce que d’ici début 2025, une législation sera proposée pour permettre l’utilisation de nouvelles technologies nucléaires. Cette décision signale une possible levée de l’interdiction de production d’énergie nucléaire, en vigueur depuis les référendums de 1987 et 2011. Le projet repose sur l’analyse en cours menée par le professeur Giovanni Guzzetta, chargé d’examiner les cadres juridiques nécessaires pour accueillir ces nouvelles technologies.
Technologies Nucléaires : Options et Défis
Le gouvernement considère l’intégration des petits réacteurs modulaires (SMR) et des réacteurs modulaires avancés (AMR) comme des solutions potentielles pour diversifier son mix énergétique. L’Italie anticipe un quasi-doublement de sa demande en électricité, estimée à 583 TWh d’ici 2050. Actuellement, le Plan national intégré énergie-climat (PNIEC) prévoit que le nucléaire pourrait représenter jusqu’à 11 % de la consommation énergétique nationale en 2050. Cette stratégie pourrait réduire la dépendance aux importations d’énergie et répondre aux besoins croissants du marché intérieur.
En parallèle, des acteurs du secteur comme Enel et Eni, tout en opérant des infrastructures nucléaires à l’étranger, montrent de l’intérêt pour les avancées en matière de réacteurs nucléaires de nouvelle génération. L’objectif est de renforcer les capacités énergétiques nationales tout en s’alignant sur les objectifs économiques et énergétiques du pays.
Perspectives Économiques et Industrielles
Une étude conjointe de Edison, Ansaldo Nucleare, et The European House Ambrosetti évalue que l’adoption de ces technologies nucléaires pourrait générer plus de 50 milliards d’euros pour l’économie italienne. L’étude souligne le potentiel de création d’emplois hautement qualifiés et de développement industriel. Les perspectives incluent également l’implantation d’infrastructures modernes qui pourraient devenir des modèles en Europe. Edison a déjà exprimé un intérêt pour la construction de SMR sur le territoire italien, avec des projets potentiels dès 2035.
Ces prévisions économiques s’accompagnent de défis réglementaires et de questions sur la gestion des déchets nucléaires et la sécurité des nouvelles installations. L’expertise technologique reste un atout, mais l’acceptation publique et la concertation politique seront cruciales pour avancer dans cette voie.
Enjeux Politiques et Décisions à Venir
L’introduction potentielle de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique italien nécessitera une forte volonté politique et des négociations rigoureuses au sein du parlement. La stratégie adoptée devra trouver un équilibre entre les impératifs de sécurité, les investissements industriels, et les préoccupations du public. Les débats à venir pourraient déterminer si l’Italie est prête à se repositionner sur la scène énergétique internationale avec une approche renouvelée de l’énergie nucléaire.