L’Iran a tenu des discussions à Istanbul avec l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni concernant l’état d’avancement de son programme nucléaire civil, dans un contexte marqué par la reprise des tensions diplomatiques avec les États-Unis. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Kazem Gharibabadi, a déclaré que les échanges ont porté sur la levée des sanctions économiques et les négociations indirectes entre Téhéran et Washington.
Cette rencontre s’est déroulée après un quatrième cycle de discussions sous médiation d’Oman entre les deux pays, visant à établir un nouvel accord encadrant les capacités d’enrichissement d’uranium de l’Iran. Depuis le retrait américain unilatéral de l’accord de 2015, les restrictions sur le programme nucléaire iranien sont devenues inopérantes, entraînant une incertitude juridique autour de son cadre de régulation.
Dialogue européen et avertissements de Washington
Christian Turner, directeur politique au ministère britannique des Affaires étrangères, a affirmé que les représentants réunis à Istanbul avaient exprimé leur volonté de poursuivre les discussions et salué les efforts en cours entre l’Iran et les États-Unis. Parallèlement, le secrétaire d’État américain Marco Rubio s’est entretenu avec ses homologues européens pour évoquer l’évolution du dossier iranien, en insistant sur le besoin d’un cadre juridiquement contraignant.
Le président américain Donald Trump, en déplacement au Moyen-Orient, a déclaré que l’Iran devait « agir rapidement » pour éviter des conséquences non précisées, affirmant qu’une « proposition écrite » avait été remise à Téhéran. Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a cependant nié l’existence d’un tel document, démentant toute réception, directe ou indirecte, d’une offre officielle.
Conditions iraniennes pour un nouvel accord
Les autorités iraniennes ont affirmé leur ouverture à un engagement vérifiable, prévoyant l’interdiction de produire des armes nucléaires, l’élimination des stocks d’uranium enrichi au-delà du seuil civil, et l’accès des inspecteurs internationaux aux installations. En échange, Téhéran exige la levée immédiate des mesures économiques punitives imposées depuis la rupture de l’accord de Vienne.
L’enrichissement d’uranium reste au cœur du désaccord. L’Iran poursuit actuellement un enrichissement à 60 %, bien au-dessus de la limite fixée à 3,67 % par l’accord de 2015, mais encore sous le seuil militaire de 90 %. Les autorités iraniennes se disent prêtes à réduire temporairement le niveau et le volume de l’enrichissement si les sanctions sont levées.
Europe prête à rétablir les sanctions
Fin avril, le ministre français Jean-Noël Barrot a déclaré que le groupe E3 n’hésiterait pas à activer le mécanisme de « snapback » prévu par l’accord de 2015, permettant le rétablissement automatique des sanctions internationales si l’Iran menace la sécurité régionale. Cette disposition constitue l’un des rares leviers réglementaires encore opérationnels dans le cadre multilatéral actuel.
Dans une tribune publiée récemment, Abbas Araghchi a mis en garde les puissances européennes contre une stratégie de confrontation, soulignant que l’Iran restait disposé à négocier dans un cadre de respect mutuel. Le président Trump, quant à lui, a indiqué avoir tendu un « rameau d’olivier » à Téhéran, précisant toutefois que l’offre ne resterait pas valable indéfiniment.