Le gouvernement fédéral d’Irak et le Gouvernement régional du Kurdistan (KRG) ont annoncé l’ouverture d’une enquête conjointe à la suite de l’attaque de drone survenue contre le complexe gazier de Khor Mor, dans le nord-est du pays. L’incident, qui a contraint l’exploitant à suspendre temporairement ses opérations, a entraîné une interruption massive de la production d’électricité dans la région.
Dispositif d’enquête fédéral et régional
Le Premier ministre irakien Mohamed Shia al-Soudani a ordonné la mise en place d’un comité d’investigation composé de représentants des ministères de l’Intérieur, du Pétrole, de la Défense, ainsi que de responsables sécuritaires du KRG. L’objectif déclaré est de déterminer les circonstances exactes de l’attaque et d’identifier les auteurs présumés. Aucune revendication officielle n’a été formulée dans les heures qui ont suivi l’incident.
Le champ de Khor Mor est opéré par Pearl Petroleum, un consortium mené par la société émiratie Dana Gas. Le site, qui produit plus de 750 millions de pieds cubes de gaz par jour, alimente les principales centrales électriques du Kurdistan. Sa vulnérabilité face aux attaques répétées par drones et roquettes est considérée comme un enjeu critique pour la sécurité énergétique de l’Irak.
Positionnement stratégique du champ visé
Les autorités kurdes ont également exprimé leur volonté de coopérer pleinement avec Bagdad dans le cadre de cette enquête, tout en appelant à un soutien international accru pour renforcer la sécurité des infrastructures énergétiques dans la région. Le Premier ministre du Kurdistan, Masrour Barzani, a insisté sur la nécessité de moderniser les systèmes de défense anti-drone autour des sites sensibles.
L’attaque survient peu de temps après l’achèvement de l’expansion du projet KM250, qui a représenté un investissement de 1,1 milliard $ et accru de 50 % la capacité de production du champ. Cette montée en puissance rend Khor Mor encore plus central pour les plans énergétiques régionaux et fédéraux.
Conséquences opérationnelles immédiates
L’arrêt forcé de la production a provoqué une réduction drastique de la fourniture d’électricité dans les villes alimentées par le gaz de Khor Mor, ramenant les heures de disponibilité à moins de six heures par jour dans plusieurs zones. Les générateurs privés ont dû compenser l’interruption, engendrant une hausse des coûts pour les ménages et les entreprises.
Du côté de Dana Gas, l’impact sur les opérations reste en cours d’évaluation. Les précédentes attaques avaient déjà soulevé des préoccupations sur la sécurité du personnel, notamment après la mort de plusieurs employés en 2024. L’entreprise n’a pas encore communiqué de mise à jour sur les délais de redémarrage du site ou sur d’éventuelles mesures de sécurisation supplémentaires.
Implications réglementaires et diplomatiques
Sur le plan diplomatique, l’enquête intervient dans un climat de tension accru entre Bagdad et les groupes armés non étatiques, régulièrement accusés de cibler des installations stratégiques pour déstabiliser le gouvernement central. Le Département d’État américain a précédemment évoqué la possibilité de sanctions contre les soutiens financiers de ces milices.
La conformité sécuritaire autour de Khor Mor pourrait devenir un facteur déterminant dans les futurs arbitrages entre Bagdad, Erbil et les investisseurs internationaux. Toute défaillance constatée dans l’enquête conjointe pourrait également raviver les litiges juridiques opposant le KRG à ses partenaires énergétiques.