La Société d’État pour la commercialisation du pétrole en Irak (State Oil Marketing Organization, SOMO) mène actuellement des négociations avancées avec OQ Trading, la filiale commerciale du groupe énergétique public omanais, pour construire un oléoduc reliant le terminal pétrolier de Bassorah au territoire omanais. L’objectif affiché est de diversifier les voies d’exportation du brut irakien en contournant le détroit d’Ormuz, une zone maritime régulièrement soumise à des tensions géopolitiques et à des perturbations météorologiques.
Une infrastructure stratégique en réponse aux risques régionaux
Selon un communiqué publié le 12 septembre par l’agence de presse irakienne, le directeur général de SOMO, Ali Nazar al-Satari, a précisé que ce projet permettrait d’exporter via « les eaux libres d’Oman », offrant des conditions maritimes plus stables que celles rencontrées dans les ports du sud de l’Irak. L’oléoduc en projet offrirait ainsi une solution logistique alternative aux terminaux de Bassorah, qui restent actuellement la principale porte de sortie pour les quelque 3 millions de barils par jour expédiés par l’Irak.
Ce nouveau couloir logistique s’inscrirait dans une stratégie plus large visant à réduire la vulnérabilité des exportations irakiennes face aux tensions dans le Golfe. Le détroit d’Ormuz, par lequel transite environ 20 % du commerce mondial d’énergie, a récemment été mis en lumière à la suite des menaces de fermeture formulées par l’Iran en marge du conflit avec Israël.
Un partenariat renforcé entre Bagdad et Mascate
Début septembre, les gouvernements irakien et omanais ont signé plusieurs protocoles d’accord, incluant l’utilisation des installations de stockage d’Oman pour le pétrole brut irakien, ainsi que des engagements conjoints en matière de commercialisation. Le terminal de Ras Markaz, situé à proximité de la zone économique spéciale de Duqm, a été identifié comme un point stratégique pour accueillir ce brut, en dehors des itinéraires traditionnels contrôlés ou influencés par les tensions régionales.
La relance d’une politique de diversification des routes pétrolières semble également motivée par l’arrêt depuis 2023 de l’oléoduc reliant le nord de l’Irak à la Turquie, renforçant la dépendance de Bagdad envers les terminaux du sud. D’autres pistes évoquées par les autorités incluent la réactivation de pipelines vers les ports syriens, bien que ceux-ci restent aujourd’hui largement à l’étude.
Cap sur l’Asie pour sécuriser la demande
Oman pourrait servir de point d’expédition privilégié pour acheminer le brut irakien vers les marchés asiatiques, sans passer par les routes maritimes exposées du Golfe. Cette orientation stratégique vers l’Asie reflète également la volonté de sécuriser l’accès à une demande énergétique en croissance continue, particulièrement dans des pays comme la Chine et l’Inde.
L’Irak, en tant que deuxième producteur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), cherche à valoriser son potentiel de production malgré un environnement géopolitique régional incertain. Les discussions en cours avec Oman marquent ainsi une tentative de long terme pour structurer une offre plus résiliente et attractive pour les acheteurs internationaux.