Mardi soir, le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, a annoncé que l’Irak était en contact avec les États-Unis pour régler des impayés envers l’Iran. Ces impayés, d’une valeur de 9,2 milliards d’euros, résultent d’anciennes importations de gaz que Bagdad doit à Téhéran.
Contraintes des sanctions américaines sur le paiement du gaz à l’Iran
En raison des sanctions américaines contre l’Iran, Bagdad ne peut pas payer directement Téhéran pour son gaz. Jusqu’à très récemment l’argent était déposé sur un compte bancaire irakien, qui ne permettait à l’Iran d’acheter que des produits spécifiques dans les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique. Le processus était toujours très ardu et marqué par des retards. Pour obliger Bagdad à verser ses impayés, Téhéran suspend régulièrement ses approvisionnements en gaz, essentiels pour les centrales électriques irakiennes puisqu’ils couvrent un tiers des besoins du pays.
Nouvelle approche irakienne pour régler les impayés envers l’Iran
Critiquant un mécanisme complexe en raison des sanctions américaines, le Premier ministre irakien avait annoncé le 11 juillet que Bagdad allait désormais payer ses importations de gaz en fournissant en échange du pétrole à Téhéran.
« Parallèlement, le travail se poursuit avec la partie américaine concernant les impayés, qui ont baissé à 9,2 milliards » d’euros, a indiqué mardi soir en conférence de presse M. Soudani, rappelant que son pays avait réglé ces derniers mois environ 1,8 milliard d’euros à Téhéran.
Le Premier ministre a assuré qu’une délégation de la banque centrale irakienne et de la Trade Bank of Iraq (TBI) avait été dépêchée mardi à Oman « pour convenir d’une formule de transfert de ces fonds vers le Sultanat, en accord avec le Trésor américain ».
Le 24 juillet, un porte-parole du département d’Etat américain avait évoqué le transfert d’une partie de ces fonds vers Oman.
« Nous pensons qu’il était important de sortir cet argent d’Irak, car c’est un levier utilisé par l’Iran contre son voisin », avait indiqué Matthew Miller.
Sensibilité de l’électricité en Irak et lutte contre la spéculation sur le taux de change
En Irak, le dossier de l’électricité est extrêmement sensible. Le pays compte 43 millions d’habitants et possède d’énormes richesses en hydrocarbures. La population doit faire face à des délestages quotidiens qui s’aggravent pendant l’été et qui peuvent parfois entraîner des manifestations.
M. Miller avait aussi assuré qu’au Sultanat d’Oman, ces sommes seront soumises « aux mêmes restrictions » qu’en Irak: l’usage de ces fonds par Téhéran pour certains achats devra « être approuvé à l’avance par le Trésor américain ».
Démasquage d’un réseau de trafiquants de devises en Irak
Mardi soir, le Premier ministre irakien aborde la stabilisation du taux de change. Le dollar s’achète, en effet, à plus de 1.510 dinars à Bagdad au marché parallèle. M. Soudani dénonce ainsi des « spéculateurs » qui envoient des devises vers le Kurdistan autonome et l’étranger. La Sûreté nationale confirme le démantèlement d’un réseau de trafiquants de devises. 11 suspects arrêtés à Bagdad et 12 autres dans le centre et le sud du pays.
Dans un communiqué, la Sûreté nationale a ensuite confirmé le démantèlement d’un « réseau de trafiquants » qui, via des « entreprises fictives, a envoyé illégalement des devises à l’étranger, sous le couvert d’opérations commerciales ».
A Bagdad, les forces de sécurité ont arrêté 11 suspects et découvert des coffres où ont été retrouvés plus de 14 millions de dollars, d’après le communiqué. Tout comme 12 personnes ont été arrêtées dans trois provinces du centre et du sud du pays pour des accusations similaires, selon la même source.