L’investissement mondial dans le secteur de l’énergie devrait atteindre un niveau record de $3,3tn (EUR3,05tn) en 2025, selon le rapport publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Cette progression s’explique principalement par l’essor des dépenses liées à la production d’électricité bas-carbone, les réseaux, le stockage, ainsi que les nouvelles installations nucléaires.
L’AIE estime que $2,2tn (EUR2,03tn) seront alloués aux technologies à faible émission, comprenant les énergies renouvelables, le nucléaire et les batteries. À l’inverse, les investissements dans le pétrole, le gaz naturel et le charbon devraient totaliser $1,1tn (EUR1,02tn), représentant un tiers de l’enveloppe globale.
Électricité et données : moteurs de la croissance
L’agence identifie l’entrée dans « l’âge de l’électricité » comme l’un des principaux moteurs de cette dynamique. La demande croissante de courant, portée par l’essor de l’intelligence artificielle, des centres de données et des véhicules électriques, transforme la structure des investissements. En 2025, les dépenses consacrées à l’électricité devraient s’élever à $1,5tn (EUR1,39tn), soit 50 % de plus que les investissements combinés dans les énergies fossiles.
La consommation énergétique des centres de données a augmenté de 12 % par an depuis 2019, représentant désormais 1,5 % de la consommation électrique mondiale en 2024. L’AIE anticipe une demande encore accrue à horizon 2030, atteignant 945 térawattheures pour les centres utilisant l’intelligence artificielle.
Le solaire domine les investissements
Parmi les technologies à faible émission, le solaire photovoltaïque (PV) demeure le principal poste d’investissement. L’AIE prévoit un total de $450bn (EUR417bn) pour cette filière en 2025, en forte croissance dans les économies émergentes grâce à la baisse des coûts et l’intensification de la concurrence entre fournisseurs. Les investissements dans le stockage par batterie dépassent également les $65bn (EUR60bn).
L’AIE note que les capitaux destinés au nucléaire ont augmenté de 50 % en cinq ans, atteignant environ $75bn (EUR69bn) en 2025. Le Moyen-Orient et les États-Unis comptent pour près de la moitié des décisions d’investissement final dans le gaz naturel.
Inégalités régionales et obstacles structurels
L’investissement dans les réseaux électriques stagne à $400bn (EUR370bn) par an. Ce niveau reste insuffisant pour répondre aux besoins induits par la croissance de la production électrique. L’AIE pointe les délais d’obtention des permis et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement comme principaux freins à une progression rapide.
L’Afrique reçoit seulement 2 % de l’investissement mondial dans les énergies propres, malgré une population représentant 20 % du total mondial. L’agence appelle à une mobilisation accrue des financements publics internationaux pour attirer davantage de capitaux privés dans ces régions.
Perspectives contrastées dans les hydrocarbures
Dans les hydrocarbures, l’investissement amont dans le pétrole devrait reculer de 6 % en 2025, une première depuis la crise de 2020, en raison notamment de la baisse des dépenses dans le pétrole de schiste aux États-Unis. En revanche, le gaz naturel liquéfié (GNL) connaît une forte dynamique avec des projets majeurs lancés aux États-Unis, au Canada et au Qatar. Le marché mondial du GNL est sur le point d’enregistrer sa plus forte croissance de capacité entre 2026 et 2028.
La Chine conserve sa place de premier investisseur mondial dans l’énergie, représentant près d’un tiers des investissements mondiaux en énergie propre. L’Inde et le Brésil se distinguent également parmi les économies émergentes.