L’industrie européenne fait face à une crise de compétitivité alimentée par des coûts énergétiques nettement supérieurs à ceux observés dans d’autres grandes économies mondiales. Selon le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), Fatih Birol, le prix du gaz naturel en Europe est cinq fois plus élevé que celui des États-Unis, et l’électricité coûte trois fois plus cher qu’en Chine.
Cette situation met particulièrement en difficulté les secteurs manufacturiers dont les coûts énergétiques représentent une part significative des dépenses globales. Fatih Birol a alerté sur les conséquences potentielles pour l’économie européenne, le poids de l’Europe sur la scène internationale et sa sécurité économique.
Des technologies propres à la traîne
En matière de technologies propres, comme les panneaux solaires, l’éolien, les batteries ou les électrolyseurs, l’Europe accuse un retard important face à des concurrents tels que la Chine, les États-Unis, et parfois même l’Inde. Fatih Birol a souligné l’absence d’une stratégie claire pour remédier à cette situation et l’urgence pour l’Union européenne (UE) d’élaborer un nouveau plan industriel.
L’ancien Premier ministre italien Mario Draghi avait déjà mis en lumière cette perte de compétitivité dans un rapport récent. Il y est recommandé de renforcer le soutien aux industries stratégiques existantes comme l’acier, l’aluminium et la pétrochimie, tout en comblant les écarts de coût avec leurs concurrents internationaux.
Des erreurs stratégiques coûteuses
Fatih Birol a également pointé du doigt trois erreurs stratégiques commises par l’Europe : une dépendance excessive au gaz russe, une négligence vis-à-vis de l’énergie nucléaire, et l’abandon du leadership dans le solaire. Il a rappelé qu’il y a vingt ans, la France dominait le marché des panneaux solaires grâce à une politique de subventions, tandis qu’aujourd’hui, la Chine produit 80 % des panneaux solaires mondiaux.
Pour répondre à ces défis, Birol a appelé à une politique commerciale plus robuste et à des décisions énergétiques et industrielles concertées au niveau européen. Cette approche pourrait permettre à l’Europe de retrouver une compétitivité perdue et d’assurer sa transition énergétique tout en préservant son tissu industriel.