L’année 2025 s’achève sur un bilan morose pour l’industrie éolienne mondiale, confrontée à une combinaison de défis réglementaires, techniques et financiers qui ont freiné sa croissance à un rythme inédit depuis plus de deux décennies. Selon les données collectées sur dix mois, la production mondiale d’électricité d’origine éolienne s’est élevée à 2 158 térawattheures (TWh), en hausse de seulement 7 % par rapport à 2024, contre une moyenne de 14 % entre 2015 et 2024.
Ralentissement marqué en Europe et en Amérique du Nord
Le ralentissement est particulièrement prononcé en Europe, deuxième région productrice d’électricité éolienne au monde. Quatre mois consécutifs de baisse de production en glissement annuel ont affecté les performances globales du secteur dès le premier trimestre. L’Amérique du Nord a aggravé cette tendance avec cinq mois de déclin mesurés entre avril et septembre. Même l’Asie, qui représente environ 45 % de la production éolienne mondiale, a enregistré une baisse inédite de production en septembre et octobre.
Dans ce contexte, plusieurs entreprises européennes ont reconsidéré leur engagement dans de nouveaux projets. Les résultats décevants des appels d’offres en Allemagne et au Danemark, parfois sans aucune soumission, ont renforcé l’incertitude des investisseurs. De nombreuses entreprises, dont des acteurs majeurs, ont procédé à des suppressions de postes ou à des retraits de projets, accentuant le climat d’instabilité dans le secteur.
Virage politique aux États-Unis et désengagement au Japon
Le revirement de la politique énergétique du président Donald Trump a fortement affecté le développement des projets éoliens offshore sur la côte Atlantique. L’arrêt brutal du soutien fédéral s’est traduit par l’accélération de la suppression des crédits d’impôt, des restrictions sur les composants étrangers et un durcissement des conditions de construction. Ces changements compromettent les perspectives de croissance du secteur éolien américain à court et moyen terme.
Au Japon, l’envolée des coûts estimés pour plusieurs projets offshore a conduit Mitsubishi Corporation à se retirer de trois projets majeurs initialement prévus pour une mise en service avant 2030. Face à ces difficultés, les autorités japonaises ont revu leur politique de soutien au secteur, en assouplissant les conditions d’attribution et en élargissant les zones éligibles pour les futures installations.
Expansion continue en Chine et hausse des exportations
La Chine demeure l’exception notable dans ce contexte. Elle devrait enregistrer en 2025 sa vingt-cinquième année consécutive de croissance supérieure à 10 % dans le secteur éolien. Sa part dans la production mondiale d’électricité éolienne atteindra un niveau record supérieur à 41 %, contre 40 % en 2024. Parallèlement, les exportations chinoises de composants pour l’éolien ont augmenté de plus de 20 %, dépassant 4 milliards $ au cours de l’année.
Ces exportations, majoritairement à destination de l’Europe et de l’Asie, témoignent de la montée en puissance de l’industrie manufacturière chinoise dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. La disponibilité croissante de ces équipements pourrait contribuer à stimuler la reprise des projets à partir de 2026, notamment dans les régions où les ajustements réglementaires sont en cours.