L’Indonésie doit réunir $92bn d’investissements d’ici 2050 pour assurer la transition de sa production électrique industrielle vers des sources plus durables, selon un rapport publié par le secrétariat du Just Energy Transition Partnership (JETP). À l’horizon 2030, ce sont $31bn qui seraient nécessaires pour enclencher cette mutation énergétique.
Le secteur de l’électricité captive désigne les installations de production détenues directement par des industriels, utilisées pour alimenter leurs propres sites, notamment dans les zones économiques liées à la transformation du nickel. Cette industrie, essentielle à l’économie indonésienne et à l’approvisionnement mondial en métaux critiques, repose majoritairement sur le charbon, considéré comme une source bon marché et disponible localement.
Une dépendance persistante au charbon dans l’industrie
En 2024, la capacité installée dans le secteur captif était évaluée à 25,9 gigawatts (GW), dont plus de 75 % provenait de centrales à charbon. Le rapport précise que près de 11 GW supplémentaires sont actuellement en construction, la majorité d’entre eux reposant également sur cette source d’énergie.
Le document souligne que les investissements prévus jusqu’en 2030 visent principalement le déploiement de solutions renouvelables, telles que le solaire photovoltaïque, l’hydroélectricité et les systèmes de stockage par batteries. Il mentionne également des mesures complémentaires, incluant une amélioration de l’efficacité énergétique et l’intégration partielle du gaz comme combustible de transition.
Une trajectoire de décarbonation ambitieuse mais vulnérable
Selon les projections du rapport, la part des énergies renouvelables dans la production captive devrait atteindre 34 % en 2030, contre 9 % en 2024. Cette proportion pourrait progresser jusqu’à 55 % en 2040, puis dépasser les 80 % à l’horizon 2050. Une telle évolution permettrait de réduire de 75 % les émissions de carbone en 2030 par rapport au scénario de référence.
Cependant, le secteur captif n’avait pas été inclus dans la politique de décarbonation lancée par le gouvernement indonésien en 2023 dans le cadre du JETP. Ce programme, soutenu par les pays du G7, a été conçu pour accompagner les pays en développement dans leur transition énergétique, mais son périmètre limité a restreint son impact.
Les incertitudes financières fragilisent la mise en œuvre
L’initiative a été fragilisée par le retrait des États-Unis de plusieurs accords JETP, y compris celui avec l’Indonésie, ce qui a jeté un doute sur la disponibilité future des financements. Bien que le pays ait obtenu plus de $20bn de promesses de soutien dans le cadre du mécanisme, la concrétisation de ces engagements reste limitée.
Le rapport rappelle que les financements garantis à ce jour ne couvrent qu’une fraction des besoins. Le secrétariat du JETP estime également que $97bn supplémentaires seront nécessaires d’ici 2030 pour décarboner le réseau électrique principal du pays, en dehors du secteur captif.