L’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé au monde, s’apprête à relever un défi titanesque : renoncer progressivement à ses centrales électriques au charbon pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Le président Prabowo Subianto a récemment annoncé son intention de fermer toutes les centrales à charbon d’ici 2040, un engagement qui dépasse les objectifs initiaux et soulève des interrogations quant à sa faisabilité.
Le charbon, qui représente actuellement deux tiers de la production électrique du pays selon l’Agence internationale de l’énergie (IEA), reste une énergie bon marché et facile à exploiter. Cette dépendance est renforcée par des infrastructures récentes, rendant l’arrêt anticipé des centrales particulièrement coûteux. Selon le think-tank IESR, la fermeture de ces installations nécessiterait des investissements colossaux, estimés à 27 milliards de dollars (25,5 milliards d’euros) d’ici 2040.
Une transition coûteuse et incertaine
Le gouvernement indonésien a signé un partenariat international de 20 milliards de dollars pour accélérer cette transition énergétique. Cependant, peu de projets concrets ont vu le jour, et la stratégie reste floue. Fahmy Radhi, économiste de l’énergie à l’Université Gadjahmada, souligne que ces ambitions nécessitent un changement radical de politique.
Par ailleurs, la compagnie publique PLN, qui gère l’essentiel de l’électricité en Indonésie, a déclaré ne pas pouvoir assumer seule les coûts de fermeture des centrales. La modernisation et l’adaptation des infrastructures existantes, combinées au développement des énergies renouvelables, représentent un chantier colossal pour le pays.
Des initiatives prometteuses mais insuffisantes
Malgré ces défis, certaines initiatives montrent une voie possible vers une transition énergétique réussie. En 2023, l’Indonésie a inauguré la plus grande centrale solaire flottante de la région, d’une capacité de 192 mégawatts. Le pays dispose également d’importantes réserves d’énergies renouvelables inexploitées, notamment en géothermie et en biomasse.
Cependant, ces projets restent marginaux face à l’ampleur de la tâche. Selon le groupe de réflexion Ember, il faudrait retirer environ trois gigawatts de capacité de charbon chaque année pour respecter les objectifs. En parallèle, le gouvernement doit rationaliser la réglementation et offrir des incitations économiques aux investisseurs dans le secteur des énergies renouvelables.
Une mobilisation nécessaire
L’Indonésie a encore un long chemin à parcourir pour intégrer ces ambitions dans une stratégie cohérente et réalisable. Les experts s’accordent à dire qu’une approche agressive, combinée à une collaboration internationale, pourrait permettre au pays d’accomplir cette transition. Toutefois, l’absence actuelle de feuille de route détaillée laisse planer des doutes sur la capacité de Jakarta à atteindre ses objectifs.