La production de charbon de l’Indonésie a atteint 836 millions de tonnes en 2024, un niveau record selon un rapport publié, mais cette performance masque une pression économique croissante sur le secteur. En dépit de cette hausse, la demande s’est contractée sur les marchés clés et les prix se sont effondrés, réduisant les bénéfices des entreprises minières et les revenus non fiscaux de l’État.
Les exportations vers la Chine et l’Inde sous pression
Les exportations de charbon vers la Chine et l’Inde, qui représentent ensemble environ 60 % des ventes indonésiennes, ont connu un recul marqué. Cette baisse s’explique par l’expansion des énergies renouvelables dans ces pays et le renforcement de leur production nationale. La demande totale devrait ainsi chuter de 10 % en 2025 par rapport à l’année précédente. Durant les six premiers mois de l’année, la production a déjà baissé de 33 millions de tonnes.
Les entreprises opérant dans le secteur doivent désormais faire face à une double pression : la baisse des prix et la hausse des coûts d’exploitation. Après le pic de l’année 2022, où la crise énergétique mondiale avait fait grimper les prix au-dessus de 400 $ la tonne, les revenus ont chuté de manière significative. En 2024, les bénéfices nets ont reculé de 67 % par rapport au sommet de 2022, passant même en dessous des niveaux enregistrés en 2021.
Écarts massifs dans les données sur les émissions de méthane
Le rapport signale également un écart majeur entre les émissions réelles de méthane des mines de charbon et les chiffres officiels. Les émissions en 2024 sont estimées à 722 kilotonnes, soit plus de quatre fois les données gouvernementales. Cette différence est principalement attribuée à une méthodologie dépassée basée sur des facteurs d’émissions génériques, ne prenant pas en compte les mines souterraines.
Le développement prévu d’une nouvelle mine souterraine à Kalimantan du Sud, avec une capacité de 20 millions de tonnes par an, pourrait à lui seul générer 332 kilotonnes de méthane d’ici 2030. Les émissions devraient augmenter de 25 % d’ici cette échéance, même si la production charbonnière venait à diminuer. Les émissions résiduelles liées aux fermetures de mines, appelées méthane des mines abandonnées, posent également une menace persistante.
Pressions croissantes sur les finances publiques locales
La baisse des recettes issues du charbon commence à affecter les régions productrices, qui dépendent fortement de ces flux pour financer leurs budgets. Cette pression budgétaire pourrait compliquer la diversification économique de ces territoires. Le rapport recommande un changement d’approche avec l’introduction d’un moratoire sur les nouveaux permis et la mise en place de plafonds stricts dans le processus annuel d’approbation des plans de production.
Une autre proposition centrale consiste à rendre obligatoire le suivi des émissions au niveau des sites pour l’ensemble des titulaires de licences. Le rapport appelle également à remplacer les facteurs d’émission standards par des paramètres spécifiques à l’Indonésie afin de mieux refléter la réalité du terrain.