L’Indonésie s’apprête à introduire une obligation nationale de carburant mélangé à base de bioéthanol à hauteur de 10 %, dans le cadre d’une stratégie visant à diminuer la dépendance aux importations pétrolières et à renforcer l’autonomie énergétique du pays. Le ministre de l’Énergie, Bahlil Lahadalia, a confirmé que le président Prabowo Subianto avait approuvé ce plan lors d’une réunion tenue récemment avec les acteurs du secteur.
Un soutien politique pour une application rapide
L’annonce intervient alors que l’Indonésie ambitionne de devenir l’un des plus grands consommateurs de bioéthanol en Asie du Sud-Est. Le pays cherche à tirer parti de ses ressources agricoles, notamment la canne à sucre et l’huile de palme, pour développer des carburants alternatifs. La mise en œuvre du mélange obligatoire avait été reportée à plusieurs reprises en raison de tensions sur l’approvisionnement en éthanol.
Le directeur général de PT Pertamina (Persero), Simon Aloysius Mantiri, a déclaré que la société était prête à exécuter le programme, selon les propos rapportés par l’agence de presse officielle. Pertamina, la compagnie nationale d’énergie, serait chargée de superviser la distribution du carburant mélangé à travers le territoire indonésien.
Capacités de production et équilibre import-export
Les données de l’Association indonésienne des producteurs d’éthanol et d’alcool méthylique (Apsendo) indiquent que la capacité de production annuelle nationale de bioéthanol atteignait 303 325 kilogrammes en 2024. Néanmoins, seuls 160 946 kg ont été effectivement produits, contraignant le pays à importer 11 829 kg supplémentaires pour couvrir la demande.
L’année dernière, la demande intérieure en bioéthanol a atteint 125 937 kilolitres, tandis que les exportations se sont élevées à 46 839 kilolitres. Cet écart entre capacité installée et production réelle soulève des interrogations quant à la capacité du pays à satisfaire à court terme les exigences du mandat de 10 %.
Une transition industrielle sous contrainte logistique
Le projet pourrait stimuler les investissements dans les installations de distillation et les infrastructures logistiques nécessaires au transport et au stockage du bioéthanol. Toutefois, aucune annonce spécifique n’a encore été faite concernant un calendrier d’entrée en vigueur du programme ou les mécanismes d’incitation pour les producteurs.
La mise en œuvre du plan dépendra fortement de la coordination entre les ministères concernés, les producteurs agricoles, les raffineurs et les distributeurs. En l’absence d’une augmentation rapide des capacités nationales, le recours accru à l’importation pourrait persister durant les premières phases du déploiement du programme.