Le Premier ministre de la République de l’Inde, Narendra Modi, a conclu plusieurs accords bilatéraux majeurs avec le Sri Lanka, au cours d’une visite officielle marquant un tournant stratégique pour la coopération entre les deux pays. Ces engagements incluent un partenariat de défense d’une durée de cinq ans et le redémarrage d’un projet de centrale solaire dans le nord-est de l’île. La visite intervient peu après l’élection d’Anura Kumara Dissanayake, premier président de gauche du Sri Lanka, et survient dans un contexte de compétition régionale accrue entre New Delhi et Pékin.
Accord de défense stratégique Indo-sri-lankais
Le nouvel accord militaire prévoit l’entraînement de soldats sri-lankais en Inde, ainsi qu’un renforcement des échanges technologiques et du partage de renseignements. Cette coopération sécuritaire a été présentée comme mutuellement bénéfique par les deux parties. Narendra Modi a déclaré que « les intérêts sécuritaires de l’Inde et du Sri Lanka sont alignés », tandis que le président Dissanayake a réaffirmé que « le territoire du Sri Lanka ne sera pas utilisé par quiconque pour compromettre la sécurité indienne ». Ces déclarations visent directement les inquiétudes exprimées par New Delhi concernant les navires de recherche chinois stationnant dans les ports sri-lankais, souvent soupçonnés d’activités de surveillance maritime, bien que systématiquement démenties par Pékin.
Relance d’un projet solaire avec appui indien
En parallèle des discussions sécuritaires, les deux dirigeants ont lancé la construction d’une centrale solaire de 120 mégawatts dans le district de Trinquemalay, projet longtemps suspendu et désormais réactivé grâce au soutien de l’Inde. Ce développement énergétique s’inscrit dans une série d’initiatives régionales visant à renforcer l’indépendance énergétique du Sri Lanka tout en consolidant les liens bilatéraux.
Compétition sino-indienne dans le secteur énergétique
En janvier, Colombo avait déjà conclu un accord de 3,7 milliards de dollars avec une entreprise publique chinoise pour la construction d’une raffinerie de pétrole, considéré comme l’investissement étranger le plus important de l’histoire économique du pays. Cette opération s’ajoute à la concession de 2017 du port de Hambantota à la Chine pour une durée de 99 ans, après que le Sri Lanka ait échoué à rembourser un prêt lié à ce projet.
Redéfinition des équilibres géopolitiques régionaux
Lors de son défaut de paiement en 2022, le Sri Lanka avait contracté plus de la moitié de sa dette bilatérale, soit 14 milliards de dollars, auprès de la Chine. L’Inde, par ces récentes initiatives, cherche à réaffirmer sa place dans la zone indo-pacifique, articulant diplomatie énergétique et coopération militaire afin de peser face à une présence chinoise déjà bien ancrée sur l’île.