L’Inde, en tant que pays le plus peuplé de la planète, génère environ 65 millions de tonnes de déchets par an. Pourtant, seuls 20 % de ces déchets sont efficacement traités. Cette incapacité à gérer les volumes massifs de résidus, qu’ils soient plastiques ou organiques, pose un défi majeur pour les gestionnaires de ressources et les acteurs du secteur. Les villes indiennes, surchargées, peinent à mettre en place des infrastructures adéquates pour gérer ces quantités croissantes. Le manque d’investissements publics dans les infrastructures de traitement aggrave cette situation, laissant les ONG et le secteur privé porter une part importante de ce fardeau.
Les ONG locales jouent un rôle clé en tentant de combler les lacunes laissées par les services publics. Parmi elles, la *Society for Child Development* a lancé le programme « Avacayam » qui se distingue par son modèle d’intégration des personnes handicapées dans le processus de gestion des déchets. Plutôt que de se contenter de la collecte, ce programme s’attache à transformer les matériaux collectés en produits à valeur ajoutée, tels que des bâtonnets d’encens ou des articles décoratifs, contribuant ainsi à une forme de valorisation économique.
Valorisation des déchets : une approche innovante mais limitée
L’approche de valorisation des déchets en Inde reste cependant modeste en termes d’impact global. Le pays continue d’être l’un des principaux contributeurs à la pollution plastique mondiale, selon une étude publiée dans *Nature*. Les initiatives locales ne parviennent pas encore à compenser les défaillances systémiques dans la gestion des ressources et la collecte. Cette situation montre l’ampleur du travail restant pour le secteur de la gestion des déchets, particulièrement en milieu urbain.
En plus des défis de collecte, les ONG comme *Society for Child Development* font face à un problème d’échelle. Bien que ces programmes apportent un soutien important aux communautés locales, leur capacité de traitement reste limitée par des contraintes financières et logistiques. L’implication de personnes en situation de handicap ajoute un volet social à ces initiatives, mais n’apporte qu’une contribution marginale à la résolution du problème global de la gestion des déchets en Inde.
Faible soutien institutionnel et absence de cadre régulateur
Le manque de soutien des pouvoirs publics reste un obstacle majeur. Contrairement à d’autres secteurs de l’énergie et de l’environnement, le traitement des déchets ne bénéficie pas d’incitations fiscales significatives ni de politiques de soutien claires. L’absence de normes de régulation uniformes à l’échelle nationale rend difficile l’harmonisation des pratiques et freine l’adoption de technologies plus avancées.
Par ailleurs, le secteur de la gestion des déchets en Inde est encore largement informel. Selon l’Institut pour l’énergie et les ressources, la majorité des déchets collectés passe par des circuits non réglementés, ce qui complique leur traçabilité et leur traitement. Cette situation entraîne des risques pour la sécurité des travailleurs et limite les possibilités d’investissement dans des solutions durables.
Perspectives limitées pour le recyclage à grande échelle
Les perspectives de croissance du secteur du recyclage en Inde dépendent principalement de la structuration de ce marché et de la mise en place de nouvelles réglementations. Actuellement, la majorité des initiatives proviennent d’ONG ou de petites entreprises locales qui peinent à attirer les financements nécessaires pour se développer à plus grande échelle. La création de partenariats publics-privés pourrait offrir une solution, mais nécessite une volonté politique claire et des incitations financières adaptées.
Les efforts de transformation des déchets en produits réutilisables, bien que louables, n’ont pour l’instant qu’un impact symbolique. Le volume total de déchets recyclés reste faible par rapport aux quantités générées, et l’absence de cadre régulateur cohérent limite la possibilité de créer un marché du recyclage rentable.