L’Inde a récemment annoncé un investissement massif de 1 milliard de dollars pour accélérer la construction de 12 centrales hydroélectriques dans l’État de l’Arunachal Pradesh, situé dans la chaîne de l’Himalaya nord-oriental. Ce projet ambitieux, approuvé par le ministère des Finances sous la direction de Nirmala Sitharaman, est destiné à renforcer l’infrastructure énergétique de la région et à soutenir le développement économique local. Toutefois, cette initiative risque d’exacerber les tensions avec la Chine, qui revendique cette région comme faisant partie de son territoire.
Contexte Géopolitique et Enjeux Énergétiques
L’Arunachal Pradesh, une région stratégique pour l’Inde, est au cœur de revendications territoriales avec la Chine, qui la considère comme une partie du sud du Tibet. La décision de New Delhi d’investir dans des infrastructures hydroélectriques s’inscrit dans une stratégie plus large visant à développer les capacités énergétiques et à renforcer la présence indienne dans cette zone contestée. Les projets hydroélectriques, d’une capacité totale de 11,5 gigawatts, seront financés en partie par des subventions fédérales, atteignant jusqu’à 7,5 milliards de roupies par projet.
Impact Local et Défis Réglementaires
Le programme de soutien du gouvernement prévoit environ 90 milliards de roupies pour ces projets, facilitant ainsi la participation des États du nord-est à ces initiatives. L’engagement des gouvernements locaux est crucial pour obtenir les autorisations réglementaires nécessaires, gérer la réhabilitation des populations affectées et négocier le partage de l’électricité produite. Cette collaboration pourrait accélérer le processus de mise en œuvre, crucial pour répondre aux besoins énergétiques croissants de l’Inde.
Réactions Internationales et Implications Futures
Cette démarche suscite des inquiétudes au niveau international, notamment en Chine. Les autorités chinoises ont déjà exprimé leur opposition à d’autres projets d’infrastructure indiens dans la région. La construction de barrages par la Chine sur la section du Brahmapoutre, appelée Yarlung Tsangpo en Chine, a également alarmé l’Inde, qui craint des crues éclair ou des pénuries d’eau en aval. Les deux pays, ayant un passé de conflits frontaliers, travaillent actuellement à améliorer leurs infrastructures le long de la frontière commune, longue de 2 500 km, en grande partie non démarquée.
Développements Récents et Perspectives
Les contrats pour la construction des centrales hydroélectriques ont été attribués à des entreprises publiques indiennes telles que NHPC Ltd, North Eastern Electric Power Corporation Ltd (NEEPCO) et SJVN Ltd. Ces sociétés ont été choisies après que plusieurs initiatives privées n’ont pas abouti. En 2020, des affrontements dans l’Himalaya occidental ont entraîné la mort de 20 soldats indiens et d’au moins quatre soldats chinois, soulignant la fragilité des relations bilatérales.
L’Inde, ayant construit moins de 15 gigawatts de capacités hydroélectriques au cours des 20 dernières années, se tourne désormais vers ces projets pour diversifier son mix énergétique, largement dominé par le charbon et les sources d’énergie renouvelables. La mise en œuvre de ces projets pourrait donc jouer un rôle clé dans la stratégie énergétique de l’Inde tout en marquant une étape significative dans la gestion des tensions régionales avec la Chine.
Les récentes rencontres entre le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, et son homologue chinois, Wang Yi, ont montré une volonté de dialogue pour résoudre les différends frontaliers. Cependant, l’avenir de ces projets hydroélectriques reste incertain et dépendra de l’évolution des relations sino-indiennes.
En conclusion, l’initiative indienne de construire des centrales hydroélectriques en Arunachal Pradesh est un pari stratégique à la fois pour l’énergie et la géopolitique. Tandis que l’Inde avance sur ces projets, l’interaction entre le développement énergétique et les dynamiques régionales continuera de façonner l’équilibre des pouvoirs en Asie.