Un projet chinois de barrage géant au Tibet suscite des inquiétudes croissantes en Inde, qui craint des impacts économiques, écologiques et politiques pour les populations vivant en aval. Vendredi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères indien, Randhir Jaiswal, a exigé de Pékin une transparence totale sur ce projet d’infrastructure, mettant en avant les conséquences potentielles pour l’Inde et le Bangladesh.
Un projet d’une envergure inédite
Le barrage envisagé sur le Brahmapoutre, fleuve vital pour les régions d’Asie du Sud, dépasserait en taille et en capacité le barrage des Trois Gorges, actuellement le plus grand du monde. La Chine présente ce projet comme une solution pour accélérer sa transition énergétique et réduire son empreinte carbone.
Cependant, New Delhi alerte sur les risques liés aux modifications du débit du fleuve, qui alimente des millions de foyers et soutient une économie agricole largement dépendante de l’eau. Le gouvernement indien rappelle que tout aménagement des cours d’eau transfrontaliers doit être discuté avec les États riverains concernés.
Transparence et consultation en jeu
La Chine a assuré en décembre, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, que ce barrage n’aurait aucun effet négatif sur les territoires en aval. Ces déclarations n’ont pas convaincu l’Inde, qui réclame des consultations bilatérales avant toute avancée majeure sur ce projet.
Les experts indiens estiment que le manque de transparence autour de ces infrastructures représente un danger pour la gestion des ressources partagées. La question revêt également une dimension stratégique, dans un contexte où les relations entre les deux puissances asiatiques restent marquées par des tensions frontalières récurrentes.
Des implications économiques et politiques
Au-delà des enjeux environnementaux, ce projet met en lumière les tensions géopolitiques dans la région. Le contrôle des ressources hydrauliques du Brahmapoutre pourrait devenir un levier stratégique pour Pékin. Pour New Delhi, protéger ses intérêts hydriques est une priorité nationale, touchant directement à la sécurité alimentaire et économique de plusieurs États fédéraux.
Le projet de barrage chinois reflète également les ambitions du gouvernement de Xi Jinping pour renforcer son influence sur les infrastructures énergétiques mondiales, tout en soutenant le développement de ses régions moins favorisées comme le Tibet.
Une gestion internationale des fleuves
L’Inde plaide pour une coopération internationale dans la gestion des fleuves transfrontaliers, rappelant les précédents historiques où des aménagements similaires ont exacerbé des conflits hydriques. Les observateurs appellent à un cadre régional plus contraignant pour garantir une exploitation équitable des ressources en eau.