La demande pétrolière mondiale devrait connaître une hausse significative en 2025, atteignant 1,21 MMb/j supplémentaires, selon le rapport publié par le King Abdullah Petroleum Studies and Research Center (KAPSARC). Ce rapport, basé sur des projections économiques et géopolitiques, met en évidence les rôles contrastés de l’Inde et de la Chine dans cette croissance. L’Inde, en particulier, devrait enregistrer une hausse de la demande de 220 Kb/j, tandis que la Chine suivra de près avec 210 Kb/j. Ensemble, ces deux pays illustrent les dynamiques changeantes du marché pétrolier mondial.
Une demande asiatique toujours en tête
L’Asie continue de dominer la croissance de la demande énergétique mondiale, représentant 640 Kb/j de l’augmentation prévue hors OCDE. L’Inde, moteur principal de cette croissance, bénéficie d’une économie robuste et de besoins énergétiques accrus dans les secteurs agricoles et industriels. Le diesel reste le pilier de cette demande, avec une hausse projetée de 120 Kb/j, soutenue par la saison agricole du « Rabi ». Le gaz de pétrole liquéfié (GPL), utilisé aussi bien pour les besoins domestiques qu’industriels, devrait également augmenter de 50 Kb/j. Les autres carburants, tels que l’essence et les carburants lourds, enregistreront une croissance plus modérée, de l’ordre de 10 à 20 Kb/j.
La Chine, bien que toujours un acteur majeur, fait face à un ralentissement économique marqué par des réformes structurelles et un plan de restructuration de la dette de 14,3 trillions de RMB (1,97 trillion USD). Ce contexte a conduit à une prévision de croissance plus modérée de 210 Kb/j pour 2025. Les secteurs pétrochimiques et des transports devraient toutefois stimuler la demande, tandis que le ralentissement dans la construction limite les besoins en diesel.
Une dynamique mondiale influencée par les régions hors OCDE
Les projections de KAPSARC montrent que les pays hors OCDE joueront un rôle dominant dans la croissance de la demande pétrolière en 2025 et 2026. En effet, ces pays contribueront à hauteur de 90 % de l’augmentation prévue de la demande en 2025. Outre l’Inde et la Chine, le Moyen-Orient (200 Kb/j), l’Afrique (120 Kb/j) et l’Amérique latine (110 Kb/j) complètent cette dynamique. Ces régions bénéficient d’une urbanisation rapide, d’une population croissante et d’une industrialisation soutenue.
Dans les pays de l’OCDE, la situation est contrastée. La demande devrait augmenter modestement de 120 Kb/j, principalement portée par les Amériques (+140 Kb/j). En revanche, l’Europe et l’Asie de l’OCDE afficheront des déclins respectifs de 20 et 10 Kb/j. Ces baisses reflètent les efforts de transition énergétique et les contraintes économiques, notamment en Europe, où la fermeture des raffineries et les réglementations environnementales limitent la consommation.
L’impact des politiques de l’OPEC+ sur l’offre mondiale
Sur le plan de l’offre, l’OPEC+ a prolongé ses réductions volontaires de production jusqu’à mars 2025, entraînant une diminution de 50 Kb/j pour le premier trimestre. Cette stratégie vise à stabiliser les marchés pétroliers face aux incertitudes géopolitiques et économiques. Cependant, les producteurs hors OPEC+ devraient compenser cette baisse, avec une croissance estimée à 1,27 MMb/j en 2025. Les États-Unis, avec une augmentation de 125 Kb/j, et la Chine, à hauteur de 110 Kb/j, figurent parmi les principaux contributeurs.
Les projections indiquent également un excédent global de 350 Kb/j en 2025, ce qui pourrait exercer une pression à la baisse sur les prix du pétrole. Toutefois, des facteurs comme les tensions géopolitiques et les achats de réserves stratégiques pétrolières (SPR) pourraient atténuer cet impact. L’OPEC+ dispose également d’une capacité de réserve importante, estimée à 4,3 MMb/j en 2025, offrant une flexibilité en cas de chocs d’approvisionnement.
Les défis géopolitiques et économiques
Les perspectives pétrolières mondiales pour 2025 restent étroitement liées aux développements géopolitiques. Les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient continuent de peser sur les marchés, tout comme les politiques protectionnistes croissantes dans de nombreux pays. En outre, les ajustements monétaires, notamment la baisse des taux d’intérêt aux États-Unis et en Europe, devraient stimuler l’activité économique et soutenir la demande pétrolière.
Cependant, les incertitudes économiques persistent, notamment en Chine, où le ralentissement de la croissance pourrait limiter l’expansion de la demande énergétique. Les projections du Fonds monétaire international (FMI) prévoient une croissance mondiale de 3,2 % en 2025, tandis qu’Oxford Economics table sur une progression plus modeste de 2,85 %.
Perspectives à moyen terme
Malgré les défis, les perspectives à moyen terme pour le marché pétrolier demeurent positives. La demande mondiale devrait continuer à croître en 2026, avec une augmentation prévue de 1,23 MMb/j. Cette croissance sera à nouveau dominée par les pays hors OCDE, l’Asie représentant la majeure partie de l’expansion.
Dans ce contexte, l’Inde et la Chine continueront de jouer un rôle central, soutenant la demande mondiale dans un environnement marqué par des transitions énergétiques, des tensions géopolitiques et des incertitudes économiques. L’OPEC+, de son côté, devra maintenir un équilibre délicat entre gestion de l’offre et réponse aux fluctuations de la demande.