L’Inde prévoit d’accélérer l’adoption du captage, de l’utilisation et du stockage du carbone (CCUS) pour répondre aux défis de ses secteurs énergétiques et industriels. Un rapport indique que la mise en œuvre efficace de cette technologie nécessitera un soutien gouvernemental de 4,3 milliards de dollars afin d’assurer sa viabilité économique et son déploiement à grande échelle.
Un marché du carbone encore insuffisant
Le rapport souligne que le développement d’un marché du carbone plus structuré pourrait réduire la dépendance aux financements publics et améliorer la faisabilité des projets de CCUS. L’Inde s’apprête à définir des objectifs d’émissions pour neuf secteurs stratégiques et prévoit d’introduire un système d’échange de quotas de carbone dès 2026. Cependant, les prix du carbone projetés pourraient ne pas suffire à compenser les coûts d’exploitation du CCUS, rendant l’appui gouvernemental indispensable.
L’Inde est actuellement le troisième plus grand émetteur de carbone au monde, avec une part qui pourrait passer de 8 % à 14 % des émissions globales d’ici 2050. Les secteurs de l’énergie et de l’industrie, considérés comme difficiles à décarboner, représentent 82 % des émissions nationales. L’intégration du CCUS dans ces industries constitue donc un levier central pour atteindre les objectifs de réduction d’émissions.
Une capacité de captage en forte progression
D’ici 2050, l’Inde pourrait représenter près de 15 % de la capacité totale de CCUS en Asie-Pacifique, contre moins de 5 % actuellement. La capacité de captage pourrait atteindre 123 millions de tonnes par an si les incitations publiques sont maintenues. Toutefois, l’adoption du CCUS devrait rester inférieure à 10 % de la capacité totale dans la majorité des secteurs, avec un déploiement plus rapide dans le raffinage et la chimie, suivis par l’énergie et l’acier.
Les projets de CCUS annoncés restent limités, avec seulement 40 à 50 millions de tonnes par an dédiées au stockage. Si les aquifères salins offrent un potentiel important pour le stockage du CO₂, leur accessibilité et leur aptitude à une injection à long terme nécessitent encore des évaluations approfondies. Cette contrainte pourrait ralentir les nouvelles capacités de CCUS jusqu’en 2035.
Des obstacles à surmonter pour une adoption massive
L’objectif de neutralité carbone de l’Inde à l’horizon 2070 rend l’adoption du CCUS incontournable. La dépendance élevée aux centrales à charbon, la croissance de l’industrie sidérurgique et les vastes capacités de stockage disponibles sont des facteurs favorables au développement de cette technologie. Néanmoins, plusieurs défis persistent, notamment le manque d’expérience dans l’exploration des sites de stockage, l’absence de réglementation claire sur les permis et la lenteur du développement du marché du carbone.
De nouvelles voies, telles que la gazéification du charbon avec CCUS, pourraient être explorées pour améliorer l’échelle des projets. Avec un cadre réglementaire adapté et des incitations financières suffisantes, l’Inde pourrait renforcer son utilisation du CCUS et réduire significativement son empreinte carbone, tout en poursuivant sa croissance industrielle et énergétique.