Les importations indiennes de charbon à coke ont atteint un pic décennal de 58 millions de tonnes sur l’exercice 2023-2024, selon les données officielles du commerce extérieur. Dans ce contexte, la part des fournisseurs évolue : les États-Unis augmentent leurs livraisons, pendant que la Russie consolide sa présence, et que des producteurs australiens réallouent une partie de leurs volumes vers la Chine. Côté court terme, les arrivages indiens ont atteint 7,32 millions de tonnes en mai 2025, en hausse de 45 % sur un an, illustrant un marché plus diversifié par origine qu’auparavant.
Flux redirigés par la Chine et arbitrages commerciaux
La reprise des achats chinois de houille australienne a soutenu une redirection de volumes vers ce pays, réduisant la disponibilité pour d’autres débouchés asiatiques. Dans le même temps, l’instauration de droits de rétorsion chinois sur l’énergie américaine, incluant un droit de 15 % sur le charbon, a rendu moins compétitives les exportations américaines vers la Chine. Les producteurs américains réorientent donc une partie croissante de leurs cargaisons vers l’Inde, le Japon et la Corée. Ces ajustements redessinent les routes maritimes du charbon à coke en Asie.
Les expéditions américaines vers l’Inde progressent déjà sur données annuelles, atteignant 8,39 millions de tonnes en 2023-2024, en hausse de près de 18 % sur un an. La hausse des arrivages indiens de mai 2025 a été tirée par des cargaisons supplémentaires en provenance de Russie et d’Indonésie. La combinaison de prix relatifs et de contraintes logistiques explique en partie ces arbitrages inter-origines.
Signaux des producteurs et mix géographique des ventes
Les grands producteurs australiens mettent en avant la place de l’Inde dans leur mix commercial tout en soulignant la résilience de la demande asiatique. BHP note une consommation robuste dans les infrastructures et l’industrie manufacturière. Whitehaven a publié un chiffre d’affaires de 5,83 milliards AUD, dont 64 % en charbon métallurgique, et indique que l’Inde représente 11 % de ses ventes. Les comptes 2025 font apparaître des revenus de 795 millions AUD issus de l’Inde, derrière le Japon.
Whitehaven précise par ailleurs que la normalisation de la demande chinoise, les conditions de prix et les coûts, notamment fiscaux et logistiques, influencent la répartition de ses volumes entre les destinations. La baisse des indices de référence en 2025 a affecté les prix réalisés, mais sans remettre en cause l’ancrage asiatique, où l’Inde est considérée comme un relais de croissance à long terme.
Position russe et recomposition des parts de marché
Les volumes russes vers l’Inde ont nettement progressé ces dernières années. La part du charbon à coke russe a atteint environ 14 % du marché maritime indien en 2024, avec des expéditions estimées à plus de 8 millions de tonnes, presque multipliées par deux en deux ans. Cette dynamique reflète une offre plus agressive sur les qualités sidérurgiques, y compris l’anthracite et le charbon pulvérisé pour injection (PCI).
Pour renforcer sa sécurité d’approvisionnement, l’Inde a étudié la mise en place d’un consortium public d’importation destiné aux sidérurgistes nationaux. Des cargaisons tests en provenance de Mongolie ont également été organisées via des ports chinois, afin d’évaluer des routes alternatives. En parallèle, les autorités ont prolongé de six mois leurs restrictions d’importation sur le coke métallurgique à faible teneur en cendres, avec des quotas par pays et un plafond global fixé à 1,4 million de tonnes jusqu’à fin 2025.